François Verdier, l’homme qui a choisi la voie de la liberté

Publié le 1 février 2021
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François Verdier
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François Verdier avait été choisi par le général de Gaulle pour devenir le chef des Mouvements Unis de Résistance en Midi-Pyrénées

Dimanche 31 janvier, en présence du Conseil départemental un hommage a été rendu, comme chaque année, à François Verdier, figure emblématique de la Résistance qui, à l’image de Jean Moulin, a su unir toutes les forces de la Résistance dans la région toulousaine pendant la Seconde Guerre Mondiale. Portrait.

Nous sommes à la fin des années 30. François Verdier est un industriel cossu établi à Toulouse. Ce natif de l’Ariège y est arrivé avec ses parents à l’âge de 10 ans, en 1910. Engagé comme volontaire sur le front en 1918, il a ensuite rejoint son père dans son magasin de machines agricoles puis a monté sa propre affaire, qu’il a développé en quelques années. Marié en secondes noces à Jeanne Lafforgue, une institutrice du Gers,  et père de deux enfants, il siège au tribunal de commerce de Toulouse, où il est décrit comme un juge enthousiaste, consciencieux et toujours juste, et occupe le poste de secrétaire fédéral de la Ligue des droits de l’homme.

Suite à la défaite de la France, et à l’installation du régime de Vichy, François Verdier ne se fait aucune illusion sur la suite des événements. « C’est naturellement qu’il se rapproche de ceux qui, comme lui, veulent faire "quelque chose" », explique Elerika Leroy, chargée de mission des hauts lieux de la Résistance au CD31 et autrice de l’ouvrage François Verdier, l’honnête homme, le résistant, l’unificateur (éd. Privat). Ses premières actions au sein de petits groupes le mènent rapidement à un plus grand mouvement de Résistance, Libération-Sud, créé à l’automne 1942. Organisé et à l’écoute, courageux et doté de sang-froid, il gravit rapidement les échelons. Son métier lui permet de se déplacer aisément sur le territoire, tandis qu’avec son important réseau, il peut à la fois recruter pour la Résistance et intervenir en faveur de ceux de son mouvement qui se font arrêter. 

Choisi par le général de Gaulle pour unifier la Résistance dans la région

Après l’invasion de la zone sud par les troupes allemandes, en novembre 1942, tandis que les cellules de la prison Saint-Michel, réquisitionnée par les Allemands, se remplissent suite à des vagues d’arrestations, la Résistance doit s’organiser et s’unir. « Après un premier échec d’unification des forces de la Résistance dans la région, François Verdier, admis et respecté de tous, est choisi par le général de Gaulle pour devenir le chef des Mouvements Unis de Résistance en Midi-Pyrénées », souligne Elerika Leroy.

Devenu « Forain », il coordonne, dans la plus grande discrétion, la réception de parachutages, la préparation de sabotages, la récupération de matériel, le renseignement, le recrutement, les passages, la gestion quotidienne des résistants passés dans la clandestinité… tout en maintenant un semblant de vie normale pour ne pas éveiller les soupçons de la police française.

Interrogé et torturé, Forain ne parle pas

Il est toutefois arrêté à son domicile dans la nuit du 13 au 14 décembre 1943 lors de « l’opération de minuit » qui aboutit à l’arrestation d’une centaine de personnes dans toute la région. « Il se savait en danger mais avait refusé de partir devant l’ampleur du travail encore à réaliser », indique Elerika Leroy. Enfermé à la prison Saint Michel pendant un mois et demi, interrogé et torturé par les officiers nazis, Forain ne parle pas. Le 27 janvier 1944, il est conduit discrètement en forêt de Bouconne où il est exécuté d’une balle dans l’abdomen. 

François Verdier a emporté avec lui les secrets qu’il détenait. Son organisation tiendra encore sept mois, jusqu’à la Libération, sans compter aucune autre nouvelle arrestation. La stèle qui marque l’emplacement où fut retrouvé le corps de François Verdier en forêt de Bouconne est aujourd’hui un lieu de mémoire. Un hommage à la Résistance, à ces femmes et ces hommes, combattant.es de l’ombre, y est rendu chaque année au mois de janvier. Par ailleurs, un livret de recueil de témoignages est actuellement diffusé dans les collèges en partenariat avec le Musée de Résistance et de la Déportation et le Mémorial François-Verdier Forain.