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Etienne Butzbach : “Il est possible de rompre avec un certain déterminisme social”

Publié le 8 octobre 2021
Temps de lecture : 2 min
Etienne Butzbach - mixité sociale
© Aurélien Ferreira
Etienne Butzbach suit depuis plusieurs années les politiques publiques de mixité sociale mises en place localement.

Coordinateur du Réseau Mixités à l’école du Centre national d'études des systèmes scolaires, Etienne Butzbach suit depuis plusieurs années les différentes expérimentations menées en France pour améliorer la mixité sociale en milieu scolaire. Selon lui, l’expérience haut-garonnaise est une réussite et doit servir d’exemple à l’échelle nationale. 

Quels sont les enjeux d’une politique de mixité dans les établissements scolaires?

Aujourd’hui, on ne peut plus accepter que l’école de la République soit discriminante. Elle doit être au contraire le lieu qui favorise la rencontre de l’autre dans ses dimensions sociales et culturelles… Cet impératif de mixité, qui figure dans la loi de refondation de l’école de 2013, est pour moi constituant du service public de l’éducation. 

 

Quelles sont les conditions de sa réussite? 

Cette politique ambitieuse, complexe, nécessite l’action simultanée de plusieurs leviers. Elle touche à la fois à la sectorisation, c’est-à-dire à l’affectation des enfants dans les établissements scolaires, et à la façon dont on va faire de cette mixité une réelle opportunité pédagogique. Il est nécessaire d’accompagner les équipes qui vont gérer la mixité, dans le temps scolaire et périscolaire, et de proposer des mesures d’élévation de la qualité de l’offre éducative. L’autre point essentiel est d’obtenir l’adhésion des familles. En Haute-Garonne, il y a eu une volonté de communiquer à travers des concertations, et d’accompagner, de rassurer les familles, tant celles du Mirail que celles des établissements accueillants. 

Que nous montre aujourd’hui l’expérimentation menée par le Conseil départemental? 

Mes premières observations sur le terrain m’avaient permis de voir à quel point les enfants avaient su s’adapter très vite à cet environnement. J’avais noté des résultats très encourageants en termes de comportement langagier, de rapport avec les autres, d’engagement dans les apprentissages… Aujourd’hui, à l’issue d’un cycle complet au collège, nous en avons confirmation. Tout cela est très réconfortant voire même enthousiasmant car cela veut dire qu’il n’y a pas de fatalité! On peut rompre avec un certain déterminisme social quand la communauté éducative et les pouvoirs publics se mobilisent. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire, c’est un chantier permanent. Mais je pense que l’expérimentation haut-garonnaise constitue aujourd’hui un réel atout pour remettre à l’ordre du jour cette ambition au niveau national.