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Jean-Louis Étienne : l'eau, une ressource à préserver

Publié le 10 novembre 2017
Temps de lecture : 3 min
Jean-Louis Étienne
© Rémy Gabalda
Jean-Louis Étienne : « La ressource en eau s’amenuise. »

Jean-Louis Étienne est médecin, explorateur, écrivain et président du conseil scientifique de l'Observatoire pyrénéen du changement climatique. Il est intervenu lors du colloque "Eau et changement climatique : réagir en Haute-Garonne", organisé par le Conseil départemental le 10 novembre 2017.

En quoi le réchauffement climatique est-il une évidence ?

Le réchauffement climatique n’est pas une croyance populaire, mais une mesure scientifique. La température moyenne à la surface de la terre a augmenté de 1°C en un siècle. C’est un fait qui n’est pas perceptible pour l’homme. Il suffit qu’il fasse froid un jour de mai pour que les sceptiques nous disent : « vous voyez bien qu’il n’y a pas de réchauffement climatique ! » 

Vous dites qu’on « a ouvert la porte du frigo »…

Oui car l’Arctique est particulièrement touché par le réchauffement. Il y a moins de glace sur l’océan et moins de neige sur les continents autour. La baisse du froid potentiel du grand Nord va manquer à l’équilibre de la chaleur des tropiques, entrainant une dérégulation du climat. Ainsi, en ouvrant la porte du frigo de l’Arctique, on assiste à une montée en latitude de la température. 

Comment ce réchauffement de la planète affecte-t-il nos ressources en eau ?

La production d’eau dans des régions montagneuses comme les Pyrénées, par exemple, se fait grâce à l’accumulation de neige. Or on voit très bien aujourd’hui que la neige disparaît. Il y a également des modifications de la répartition des zones climatiques humides. La Scandinavie, autre exemple, est de plus en plus arrosée : il y a une migration vers le nord des zones de pluie. A contrario, le sud de l’Espagne est ravagé par la sécheresse. L’ensemble de ces éléments fait que la ressource en eau s’amenuise. 

Quelles seraient les solutions selon vous ?

Elles sont multiples, mais il s’agit avant tout de trouver de nouveaux moyens de conserver l’eau et de réguler les cours d’eau. Je crois qu’il y a surtout des choix sociétaux à faire. Il faut bien comprendre que notre climat se dérégule insidieusement. En tant que médecin, je compare ce phénomène à la fièvre chronique d’un patient. Une petite fièvre qui fait que l’on ne se sent pas très bien, jusqu’au jour où il y a une petite complication. La Terre en est là aujourd’hui ; à ses premières complications. Ses déluges, cyclones et sécheresses se mettent en place lentement, mais le traitement doit être mis en place de toute urgence.

Tous concernés par la préservation de nos ressources en eau

Le 10 novembre dernier, 300 personnes, parmi lesquelles des scientifiques, des élus, des agriculteurs ou encore des acteurs du monde associatif, ont participé au colloque Eau et changement climatique, organisé par le Conseil départemental de la Haute-Garonne et Haute-Garonne Environnement. Le coup d’envoi d’une grande réflexion qui doit aboutir à un projet de territoire destiné à préserver au mieux la ressource en eau sur le bassin de la Garonne amont.