PORTRAIT

Tony Moggio, la rage de vivre

Publié le 15 septembre 2019
Temps de lecture : 3 min
Tony Moggio
© Aurélien Ferreira
Tony Moggio, la rage de vivre.

« L’impossible n’existe pas » pour Tony Moggio. À 34 ans, cet ancien rugbyman toulousain devenu tétraplégique suite à un accident, a traversé en juin dernier les 4 kilomètres du golfe de Saint-Tropez à la nage, à la seule force de ses épaules, porté par un fauteuil de baignade. 

« Après avoir terminé la promotion de mon premier livre, Talonneur brisé (éd. Privat), j’étais en quête d’un nouveau défi, se souvient-il. Je savais que le sport, c’était fini pour moi, mais ça me manquait. Or un été où je traversais le golfe de Saint-Tropez en bateau, j’ai eu l’idée de le refaire… à la nage : je me suis lancé dans la préparation de ce challenge sans même savoir si j’en étais capable ! » 

 

Un mental d’acier

Pendant plus d’un an, il s’est entraîné d’arrache-pied à raison de cinq heures de natation par semaine en intérieur ou extérieur, mais aussi de séances de renforcement musculaire, de boxe ou encore de coaching mental. Lui qui est handicapé à « plus de 80% », avoue avoir connu des moments de doute, bien sûr, mais n’a jamais eu envie de jeter l’éponge. Il faut dire que le toulousain a pu compter sur le soutien d’une équipe de choc, composés de médecins mais aussi de ses proches, ses premiers supporters. « Le connaissant, j’étais sûre qu’il irait jusqu’au bout, parce que Tony, il lâche jamais rien », confie Marie, sa femme. « C’est quelqu’un de très fort mentalement », ajoute fièrement sa maman. Tellement fort qu’au lieu des 4 heures initialement prévues, il a fait exploser son chronomètre en reliant le port de Sainte-Maxime à celui de Saint-Tropez en seulement 3h05 ! « J’étais surmotivé : j’avais vraiment envie de marquer les esprits ! » 

Un message d’espoir

Car pour lui, il ne s’agit pas seulement de se dépasser, mais surtout de porter haut et fort un message d’espoir pour toutes les personnes en situation de handicap. En 2010, alors qu’il jouait un match de rugby amateur entre son équipe de Castelginest et Labarthe-sur-Lèze, le talonneur brise sa moelle épinière lors d’une mêlée. « J’aurais dû mourir, mais je suis resté en vie. » Tony décide alors de se battre pour récupérer un maximum d’autonomie. Quand d’autres seraient tombés, il choisit de se relever : « je ne marche pas, mais j’avance », dit-il. C’est dans cet esprit de combattant qu’il créé l’association Tous pour tous, pour promouvoir l’insertion des personnes à mobilité réduite, notamment par la mise en place de défis sportifs. Avec son exploit tropézien, il montre la voie. « Ça paraît dingue, mais ce handicap me donne des ailes : j’ai envie de faire pleins de choses, tout le temps. » Son prochain défi : la sortie d’ici la fin de l’année d’un nouveau livre, dont le Conseil départemental est partenaire, sur la prévention dans le rugby. Et après ? « J’ai promis à ma femme de m’arrêter un peu… pour devenir papa ! » La vie ne fait que continuer. 

 

« Ça paraît dingue, mais ce handicap me donne des ailes : j'ai envie de faire plein de choses, tout le temps. »