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Lucile Peytavin révèle les conséquences économiques de la virilité masculine

Publié le 3 avril 2024
Temps de lecture : 3 min
Lucile Peytavin
© DeuxPlusQuatre-Wikimedia Commons
Lucile Peytavin

Plus que jamais mobilisé pour l'égalité femme-homme, le 26 avril, le Conseil départemental recevra Lucile Peytavin, docteure en Histoire et essayiste, pour une conférence musclée autour de son livre « Le coût de la virilité ». Entretien avec une historienne qui pose un regard inédit sur les comportements masculins dans notre société.

Comment en vient-on à chiffrer une notion telle que la virilité ?

« Lors de mes études d’histoire à l’université Lyon 2, j’ai découvert une statistique : 96,3 % des personnes incarcérées en France sont des hommes. Cette surreprésentation en milieu carcéral a agi comme un électrochoc. J’ai donc cherché à savoir quelle était la nature du lien entre la violence et les hommes, ainsi que les moyens déployés par la société pour y répondre. Et c’est colossal…

Vous avez chiffré ce coût à 95,2 milliards d‘euros par an. Que révèle cette somme, au-delà de son importance ?

Déjà, qu’elle est sans aucun doute sous-évaluée ! Certains délits « mineurs » ne donnent pas lieu à des plaintes et n’entrent donc pas dans les données du Ministère de l’Intérieur et de la Justice. Le coût de la virilité, très concrètement, c’est 8,6 milliards chaque année pour la sécurité et le maintien de l’ordre ou 2,3 milliards pour les urgences et les hospitalisations. Pour chiffrer tout cela, j’ai intégré les coûts indirects : les pertes de productivité, les dommages matériels, etc.

Vous dressez un constat : la virilité masculine n’est pas innée mais culturelle…

Oui, il n’y a aucune prédisposition génétique à la violence et ses origines remontent à la préhistoire. C’est au néolithique, lorsque les populations se sédentarisent, qu’apparaît la notion de propriété et que les rapports se hiérarchisent. La virilité prend corps avec l’avènement des armes en métal, qui permettent à la puissance masculine de s’imposer symboliquement et réellement. La vie des femmes va se dégrader, avec des traces de violence bien plus systématiques. Au fil des générations, ces comportements se sont immiscés dans l’éducation parentale.

L’éducation serait donc au cœur du problème ?

Sans parfois en avoir conscience, les parents transmettent des schémas stéréotypés dont ils ont eux-mêmes hérité. Des pratiques anodines les entretiennent : offrir une figurine de super-héros, qui glorifie les valeurs viriles de puissance, auquel le garçon va s’identifier. L’éducation dispensée aux garçons, dès leur plus jeune âge, est celle d’une acculturation à la violence par le biais de la virilité.

Supprimer le coût de cette virilité aurait un impact majeur sur les finances publiques. Comment y parvenir ?

La bonne nouvelle, c’est que c’est culturel et donc pas irréversible ! Et la réponse pourrait être : adopter une approche altruiste, favorisant l’empathie. Éduquer nos garçons comme nos filles éviterait à l’État et à la société de payer le coût de cette virilité. Il est quand même schizophrène de valoriser la virilité, tout en consacrant des moyens colossaux pour enrayer ses effets négatifs ».

Vendredi 26 avril à 18h30, au Pavillon République de l’Hôtel du Département, conférence suivie d’un temps d’échange avec le public et d’une séance de dédicace en partenariat avec la librairie Ombres blanches.


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