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Face au cancer du sein, elle prépare sa RIPOSTE

Publié le 17 octobre 2022
Temps de lecture : 3 min
Solution Riposte, un programme d’accompagnement thérapeutique pour les femmes souffrant d’un cancer du sein
© Rémi Benoit
Solution Riposte, un programme d’accompagnement sport santé pour les femmes souffrant d’un cancer du sein

À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer du sein, le 19 octobre, rencontre avec la médecin anesthésiste et escrimeuse, Dominique Hornus. Elle a créé en 2014 à Toulouse l’association Solution RIPOSTE (Reconstruction, Image de soi, Posture, Oncologie, Santé, Thérapie, Escrime) qui s’adresse aux femmes, désireuses après un cancer du sein, de récupérer leur santé et leur estime de soi. Parce que le sport est essentiel pour guérir.

Comment est née SOLUTION RIPOSTE ?

Tout simplement d’une discussion que j’ai eue, dans le cadre de mon activité de médecin, avec un confrère chirurgien gynécologue, qui m’a fait part des problèmes posés, à la suite d’un cancer du sein chez les femmes : problèmes d’épaule, de posture, de cicatrices invalidantes suite aux différentes opérations. Mon esprit a alors fait tilt et j’ai pensé à l’escrime pour aider ces femmes. En 2014, Solution RIPOSTE est née, avec son siège social à Balma. Aujourd’hui notre association, pilotée par notre conseil scientifique de médecins, s’est étendue à toute la France et nous avons même essaimé en Italie, Suisse, Belgique et au Canada. Solution RIPOSTE, c’est une osmose entre trois personnes : un professionnel de santé, un maître d’armes et une femme opérée du cancer. Aujourd’hui, ce sont 1000 « Riposteuses » (nos pratiquantes) et anciennes malades dans toute la France qui pratiquent ce sport adapté via Solution RIPOSTE. Pour les accompagner, 90 maîtres d’armes ont été formés spécifiquement.

Le Trio Riposte
© Rémi Benoit
Une osmose entre professionnel de santé, maître d’armes et femme opérée du cancer femme

En quoi l’escrime est-elle un allié précieux pour les femmes ayant eu un cancer du sein ?


Après un cancer du sein, certains gestes de la vie quotidienne pourtant complètement anodins comme porter son enfant, ouvrir une porte de placard en hauteur, tirer les volets, peuvent être source de douleurs. Avec le sabre, l’arme des cavaliers, l’épaule est mobilisée dans un geste précis. Outre l’aspect sportif, l’escrime pour ces femmes est un formidable vecteur d’élégance, d’amélioration de l’estime de soi, de mobilisation réflexe et progressive de l’épaule grâce au travail mené par le maître d’armes. Elle permet par ailleurs de booster ses capacités d’analyse, de cultiver sa combativité, d’évacuer sa colère. Il faut dire qu’en sortant d’un cancer, l’image de soi est dégradée, la femme est atteinte au cœur de sa féminité et de sa sexualité. Le cancer du sein est l’un des plus mal vécus. Faire du sport est donc essentiel pour aller mieux ! 


On est là au cœur du développement du sport-santé ?


Oui, tout à fait. Les études ont montré qu’en pratiquant l’escrime, ce sont 35% de récidives en moins. Aujourd’hui, il est donc urgent de développer cette pratique et de la faire connaître notamment auprès des professionnels de santé, car moins de 40% des femmes pratiquent un sport. Notre plus grande réussite, c’est que certaines « Riposteuses » se soient investies dans l’association ou dans leurs clubs. Pour elles, faire de l’escrime est une vraie renaissance, car la chimiothérapie est un vrai traumatisme psychologique, notamment pour les plus jeunes, qui sont confrontées à leur vulnérabilité de façon inédite. C’est un vrai tsunami pour elles. 


Quels projets avez-vous pour la suite ?


Nous faire connaître car l’escrime reste un sport confidentiel et qui génère beaucoup d’idées reçues. Nous voulons encourager les médecins à montrer que le sport-santé, ça marche et qu’il peut durablement d’améliorer la qualité de vie des pratiquantes. À l’avenir, nous allons former les maîtres d’armes à la pratique de notre sport pour des patients qui présentent d’autres cancers afin de sécuriser la pratique, peut-être même… un rêve… faire sourire des enfants malades avec la pratique du sabre laser.