PORTRAIT

Magyd Cherfi, de l'encre dans les veines

Publié le 17 septembre 2017
Temps de lecture : 3 min
Magyd Cherfi
© Aurélien Ferreira
Magyd Cherfi, de l'encre dans les veines.

Retour sur un portrait de Magyd Cherfi, chanteur toulousain, écrivain et acteur français, membre du groupe Zebda. Il était présent, lui et son groupe, lors de la 31e édition du festival Jazz sur son 31, le 11 octobre 2017 à Odyssud, à Blagnac.

Il arrive décontracté, en survêtement, dans un café qu’il a lui-même choisi au pied de la basilique Saint-Sernin, à Toulouse. Ici, entre le centre historique et Arnaud-Bernard, Magyd Cherfi s’attable tranquillement et commande un "petit café", assuré d’être au calme pour bavarder "sans être interrompu toutes les 3 secondes ! " Car dans la ville rose, bobo ou populaire, dont il joint sans doute les deux bouts, il n’est pas rare qu’on l’arrête pour une poignée de main, un remerciement ou juste envie de refaire le monde.

Un parcours militant

En une trentaine d’années, l’ancien charismatique leader de Zebda a presque atteint le statut d’icône, au point qu’il s’impose déjà pour certains comme l’héritier naturel de Nougaro. « On commence à m’appeler Claude ! », confie-t-il, avec un mélange de fierté et d’amusement. « De chanson en chanson, lutte après lutte, les gens se font une idée de vous plus héroïque que la réalité. Au fond, je suis plus banal qu’un hérisson dans un jardin pavillonnaire ! » Piquant et sympathique, oui, mais en réalité, la comparaison s’arrête là. Sinon ce serait faire insulte au parcours militant, politique, musical et littéraire qui a progressivement mené cet ex-gamin des quartiers nord de Toulouse, qui se rêvait en Flaubert ou en Garcia Marquez, à décrocher en 2016 une place dans la sélection du prix Goncourt avec son ouvrage Ma part de Gaulois, récit de l’année où il est devenu le premier bachelier de sa cité. Une légitimité nouvelle qu’il compte bien mettre à profit, en poursuivant ses combats de toujours contre les discriminations de toute nature - entamés jeune en tant que militant associatif, puis parolier et chanteur de Zebda - essentiellement à travers la littérature. « À 20 ans, je pensais qu’avec une chanson, on pouvait changer le monde. Qu’avec du soutien scolaire, on allait sauver les mômes des quartiers et que la jeunesse immigrée basculerait dans la laïcité et non pas dans une forme de religiosité. Or on n’en est pas là. Il faut donc continuer le combat, revenir à la charge sur des thèmes visités et revisités. Mais en tant que quinqua, j’ai besoin de lutter de façon moins idéologique, moins frontale, avec plus de romanesque, d’humour et de distance, ce que me permet davantage la littérature. Depuis toujours, je suis un mec de l’écrit. » 

« J’ai besoin de lutter de façon moins idéologique, avec plus de romanesque et d’humour »

Entre musique et littérature

Certes, il n’en a pas encore fini avec la musique, il vient de sortir un 3è album solo et sera sur la scène d’Odyssud, à Blagnac, dans le cadre du festival Jazz sur son 31, mais le cœur y est moins. « Dans les milieux parisiens, je suis considéré comme un vieux chanteur à l’ancienne : donc pour trouver un contrat, je te raconte pas… À l’inverse, dans l’écriture, quand tu es vieux ce n’est pas un problème. » Pas question pour autant de rester dans une zone de confort. Il s’imagine déjà relever de nouveaux défis en adaptant Ma Part de Gaulois… au cinéma ! 

« Au fond, je suis plus banal qu’un hérisson dans un jardin pavillonnaire »