PORTRAIT

Pierre Samson, l'agitateur poétique

Publié le 2 janvier 2024
Temps de lecture : 3 min
© Aurélien Ferreira - CD31
Pierre Samson

Le crayon, comme arme de destruction massive. 9 ans après l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, le Conseil départemental organise le 8 janvier, à partir de 19h, une soirée consacrée aux dessinateurs de presse intitulée « Libérons les crayons ». Portrait de l'un des participants, Pierre Samson, auteur d'Au bonheur des veuves, éditions Chez Yvette.

Il compte Roland Topor parmi ses modèles. Une inspiration avec laquelle Pierre Samson, 71 ans, partage un goût assumé pour le détournement, attiré comme un aimant par l’image qui fait mouche.

Arrivé à Toulouse après son bac, au début des années 70, ce Gersois, fils d'agriculteurs, boucle ses études de droit. Peu motivé par la perspective juridique, il prend bientôt la tangente vers l’écriture et surtout le dessin d’humour : « Mes premières tentatives ont éveillé l’œil d’un critique de La Croix qui m’incite à poursuivre dans cette voie, moi l’autodidacte complet. » Ainsi sera-t-il. La Dépêche du Midi va être l’un de ses premiers commanditaires. Puis Sud Ouest Dimanche. Dans la foulée, Pierre Samson traverse la France en autostop pour démarcher, au culot et sans réseau, les médias parisiens satiriques comme Hara-Kiri, Mormoil, Fluide Glacial.

Et ça marche ! On publie ses dessins d’humour noir. Tout en cumulant les petits boulots, il s’essaie au dessin de presse.

Sa fierté : représenter les paysans

Polyvalent par nécessité autant que par détestation de l’ennui, Pierre Samson multiplie, pendant les décennies qui suivent, les collaborations, du Monde aux éditions Milan, de la Lettre du cadre territorial à l’architecture patrimoniale, du farfelu Psikopat au monde paysan…

Dans les mensuels de la Confédération paysanne et des Coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) qui l’emploient, il pointe déjà des sujets qui n’intéressent alors personne : le climat, la malbouffe ou l’usage de l’eau.

Pour autant, Pierre Samson ne se définit pas comme militant. Sans plan de carrière, il peut pourtant s’enorgueillir de compter parmi les dessinateurs français les plus prolifiques. Parmi ses faits d’armes, le Satiricon, trimestriel local devenu culte qui, de 1995 à 2008, mordra là où ça fait mal l’équipe municipale toulousaine de l’époque. Car il n’a pas son stylo dans sa poche quand il s’agit d’égratigner les puissants, quel que soit leur bord politique. Une affaire de principes et de valeurs chez cet engagé qui tient à sa totale liberté.

Sa plus grande fierté ? Celle d’avoir pu valoriser l’image des paysans si méprisés durant son enfance. Une évidence quand on connaît son parcours.

Au Bonheur des veuves

Le dernier ouvrage de Pierre Samson s’intitule Au bonheur des veuves. Paru fin 2023 aux éditions Chez Yvette, c’est un livre noir et drôle, fruit de près de quatre ans de travail, avec un florilège de 60 dessins sur la fin de vie.

La prochaine étape ? Dans son atelier du centre-ville de Toulouse, Pierre Samson travaille déjà à son nouvel opus qui revisitera les grands maîtres de la peinture. Avec toujours son œil plein de malice.