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Pyrénées de la liberté : les passeurs résistants de Larroque honorés par le Conseil départemental

Publié le 20 juin 2022
Temps de lecture : 3 min
La plaque a été dévoilée le 13 juin 2022
© Romain Saada
La plaque a été dévoilée le 13 juin 2022

Le 13 juin 2022, le Conseil départemental a installé à Larroque une nouvelle plaque « Chemin de mémoire Haute-Garonne résistante » en la mémoire des résistants commingeois Joseph John Barrère, Jean-Louis Bazerque, Pierre Sabadie, Charles Suran et Gabriel Gesse. L’occasion de saluer l’apport décisif des réseaux d’évasion par les Pyrénées au cours de la Seconde guerre mondiale. Il s’agit du cinquième panneau historique et pédagogique, financé par le Conseil départemental, après ceux installés à Seyre, Marsoulas, Pechbonnieu et Pibrac.

C’est une paisible commune rurale longeant la Save, à 81 kilomètres à vol d’oiseau de Toulouse et à 13 kilomètres de Saint-Gaudens. Le 13 juin 1944, quelques jours après la Libération, Larroque fut pourtant le théâtre d’un épisode tragique. Ce matin-là, une voiture avec à son bord trois guides-passeurs arrivant par la route de Saint-Gaudens était interceptée par un barrage allemand à la hauteur du pont sur la Save. Alors que les résistants ouvrent le feu sur une sentinelle, les Allemands répliquent et incendient leur véhicule. Deux des occupants périssent dans cet incendie : Joseph John Barrère (de Labroquère) et Pierre Sabadie (de Moncaup). Le troisième occupant du véhicule, Jean Bazerque, né à Pau, ancien étudiant en médecine à Toulouse et militant socialiste, est quant à lui abattu dans sa fuite.

Au mauvais endroit, au mauvais moment

De cet événement subsistent encore certains témoignages précieux comme celui d’Henri Renon, Larroquais âgé de 15 ans en 1944. S’il n’a pas été un témoin direct de la scène puisqu’il a seulement entendu les rafales de mitraillette, alors qu’il gardait les brebis du troupeau familial, Henri Renon a pu documenter, une fois adulte, cette histoire : « On s’accorde aujourd’hui à dire que les trois résistants se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Quand j’y repense je me dis que nous l’avons échappé belle, si on se réfère au triste sort de Marsoulas quelques jours plus tôt. Les Allemands ont quadrillé le village puis sont repartis peu après le drame comme ils étaient venus. » raconte-t-il. La fille de Joseph John Barrère, Josette Soumeillan, qui n’avait que six ans en 1944, éclaire le destin hors norme de ce natif d’Oakland, installé dans les Pyrénées au sortir de l’adolescence : « Mon père savait très bien conduire ce qui était rare à l’époque. Il connaissait les routes commingeoises comme sa poche. Vif, fougueux et débrouillard, c’était un homme fier qui n’a jamais accepté la défaite. Encouragé par des amis communistes, il est rentré en Résistance, car il voulait rendre service. Il convoyait bon nombre de candidats à l’évasion en les cachant dans les fermes environnantes, jusqu’à ce jour fatal du 13 juin 1944.»

Aviateurs alliés, Juifs, réfractaires au STO et autres patriotes

Aussi bien Joseph John Barrère, que Pierre Sabadie ou bien Jean-Louis Bazerque ont pour point commun d’avoir permis l’évasion par les "Pyrénées de la liberté" de plusieurs dizaines de personnes (aviateurs alliés, Juifs, réfractaires au STO (Service de Travail Obligatoire) et autres patriotes). Tous les trois étaient des membres imminents du réseau « Françoise », créé par Marie-Louise Dissard, et du groupe de l’Armée secrète du capitaine Gabriel Gesse, à qui cette plaque rend aussi hommage ainsi qu’à Charles Suran dit «Ariès », Juste parmi les Nations, conseiller général de la Haute-Garonne de 1945 jusqu’à sa disparition en 1971.