REPORTAGE

Sample, drop, scratch… immersion beatmaking à Carbonne

Publié le 2 juin 2025
Temps de lecture : 3 min
© Hélène Ressayres/CD31
Pendant l'atelier Loop Sessions à Carbonne

La Semaine des cultures urbaines, c’est aussi apprendre à créer son premier son. Encadrés par un DJ et un beatmaker de l’association Loop Sessions Toulouse, le Conseil départemental de la Haute-Garonne a permis à des jeunes suivis par les Missions locales de Carbonne et de Saint-Gaudens de s’essayer pendant cinq jours au beatmaking. Reportage.

Sample, bit, double up, drop, split, ou encore chrips… un vocabulaire devenu familier pour les sept jeunes accueillis à la Mission Locale de Carbonne. Cinq jours et dix heures plus tard, ils ont même été capables de créer leur toute première musique assistée par ordinateur. 

« C’est la première fois que l’on organise un atelier d’une semaine de création musicale et c’était évident que ça soit avec l’association Loop Sessions », explique Muriel Fabre, chargée d'éducation artistique et culturelle au Département. Un atelier qui s’est naturellement ancré dans la Semaine des cultures urbaines qui s’est terminée le 25 mai 2025.

 « Vous savez pourquoi le hip-hop est la musique la plus écoutée dans le monde ? C’est parce que c’est la plus simple et la moins chère à produire ». DJoff et Chrys D, soit Joffrey Mention et Christophe Crescence, leur ont expliqué l’histoire du beatmaking, celle du mouvement hip-hop, et leur ont surtout appris à manipuler le logiciel Koala et quelques rudiments du scratching : « L’idée, c’est de comprendre comment vous pouvez construire une musique ». Casques sur les oreilles, les jeunes composent, échangent, testent. « Moi, je rajouterai un autre break, là, voilà… », propose Christophe. Les regards se croisent, les têtes hochent en rythme. L’ambiance est studieuse et bienveillante.

Une bulle d'air dans le quotidien

« Je suis content d’être là, ça m’apporte une bulle d’air dans mon quotidien », confie Antonin, 20 ans, de Marignac. Et ça pourrait aussi le rapprocher de son métier rêvé : « Je veux être compositeur de musique de jeux vidéo ». Martin, 24 ans, de Mauzac, apprécie lui aussi l’approche ludique et concrète : « J’ai souvent des musiques dans ma tête. Maintenant je sais comment les enregistrer ». Quant à Delphine, 22 ans, la seule fille du groupe : « Ça m’a sorti de ma zone de confort, j’ai créé des amitiés et ça m’a permis de mieux comprendre la musique. »

C’est la fin de l’atelier, place à l’écoute collective, 1min30 de son pour chacun : « On ne se juge pas, c’est ce que vous souhaitiez exprimer à un instant T ». 

« L’objectif, c’est de proposer un accès à la culture et la création partout sur le territoire et surtout en zone rurale. On a ouvert cet atelier gratuitement à ces jeunes suivis par la Mission locale car on savait que ça pouvait leur apporter un espace d’expression précieux », assure Muriel Fabre. « On est en plein dans les valeurs du hip-hop et de l’ADN de Loop Session, c’est-à-dire l’entraide, le partage, la solidarité », conclut DJoff.