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Jane Evelyn Atwood au château de Laréole

Publié le 13 juin 2022
Temps de lecture : 3 min
Exposition Jane Evelyn Atwood tout l'été au château de Laréole
© Adrien Nowak
Exposition Jane Evelyn Atwood tout l'été au château de Laréole
03 juin > 25 septembre

Le château de Laréole présente une rétrospective exceptionnelle du 3 juin au 25 septembre, "Sept histoires (1976-2010)"de la photographe franco-américaine Jane Evelyn Atwood dans le cadre du festival MAP Toulouse. Portrait de l'artiste. 

La photographe Jane Evelyn Atwood est venue raconter sept histoires au château de Laréole. Sept histoires qui sont autant de voyages au cœur d’une intimité souvent crue, une réalité marginale. Ses modèles sont ceux en face desquels on détourne habituellement le regard : femmes en prison, jeunes aveugles, prostituées, transsexuels.

Son histoire à elle, c’est celle d’une rencontre avec Paris. Nous sommes à l’aube des années 70 quand la jeune américaine pose ses valises en France. Un choix d’abord guidé par la francophilie de son père. La France est un coup de cœur, une évidence. Diplômée en théâtre et littérature, Jane Evelyn Atwood ne se voit pas comédienne… trop de trac. La timide jeune fille au pair cherche à explorer sa créativité et satisfaire sa curiosité. Son choix se porte sur la photographie.

« Aux États-Unis, j’avais visité une exposition de Diane Arbus parce que son suicide m’avait interpellée. Mais je ne connaissais rien à la photographie », se remémore-t-elle. Elle traîne dans les vernissages à l’affût de sujets intéressants… « Mais je n’y ai rencontré que des gens ennuyeux, excentriques certes, mais sans intérêt. Par contre, j’ai croisé quelqu’un qui m’a dit connaître une prostituée. J’ai demandé qu’elle me la présente », raconte-t-elle. Ces femmes de la rue la fascinent. Ce sera son premier sujet.

Jane Evelyn Atwood
© Adrien Nowak
Jane Evelyn Atwood

Une vie dédiée au travail, sa passion

À force de patience, elle noue un lien très fort avec l’une d’elles, l’outrageuse et volcanique Blondine. De ces nuits blanches passées à ses côtés naît la première histoire de Jane Evelyn Atwood. Elle y capture la sensualité d’une pose, l’émotion d’un geste, dans un couloir d’hôtel de passe, devant une porte, dans les ruelles. En noir et blanc. Le point de départ d’une œuvre photographique majeure, multi-primée, qui la conduira à explorer d’autres mondes clos, pendant plus de quatre décennies. Sa passion devient sa vie, une vie dédiée au travail, loin des mondanités qu’elle préfère fuir. En France, on parle d’elle comme d’une photographe engagée. Pour autant, Jane Evelyn Atwood n’aime pas cette étiquette : « Le public reçoit mes photos comme il le souhaite. Ma démarche n’est pas forcément militante. Le reportage que j’ai fait pour changer les mentalités sur le sida, la « peste gay » comme on l’appelait dans les années 80, a été mon premier sujet réellement militant. »

Une exigence jusque dans les mots

Exposition de photographies de Jane Evelyn Atwood
© Adrien Nowak
Exposition de photographies de Jane Evelyn Atwood

Précise, exigeante, méticuleuse, Jane Evelyn Atwood, auteure de treize livres, est aussi sensible aux mots qu’aux images. Et de raconter comment elle s’est battue pied à pied, dans le choix des textes, lors d’un épique bouclage, avec la rédaction de Paris Match, qui a été le premier à publier son histoire sur Jean-Louis. Cet homme a été le premier malade du sida en Europe à accepter d’être photographié pour paraître dans la presse. À l’été 1987, elle s’installe chez lui pour le photographier quelques mois avant sa disparition. Une expérience intense, pendant laquelle se noue un lien profond teinté de bienveillance et de respect entre photographe et photographié. Une constante dans la façon de faire de Jane Evelyn Atwood : « Mes histoires ne s’arrêtent pas une fois passée la prise de vue. C’est une responsabilité de photographier des gens, surtout s’ils sont dans une réelle détresse, tu ne peux pas les trahir. »