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Julie Joubert, portrait sensible d'une photographe engagée

Publié le 8 juin 2022
Temps de lecture : 3 min
Julie Joubert, grand prix MAP 2022
© Alis Mirebeau
Julie Joubert, grand prix MAP 2022

Julie Joubert est la lauréate du Grand Prix MAP 2022, décerné par le Conseil départemental, partenaire du festival de photographie toulousain.
Son exposition, Mido, retrace le parcours chaotique d'un jeune rencontré en centre de rétention et qui rêve d'une autre vie.  

Quand Julie Joubert rencontre Mido, en 2017, elle n’est pas beaucoup plus âgée que l'adolescent, mais déjà décidée à tourner son objectif de photographe vers des sujets engagés, des thématiques sociales qui lui tiennent à cœur.

Mido, c’est le pseudonyme qu’Ahmed s’est choisi pour échapper à une histoire compliquée, qui l’a conduit en centre de rétention. C’est d’ailleurs là que Julie Joubert le rencontre pour la première fois. Au milieu des jeunes dont elle fait le portrait, il détonne par son charisme, son plaisir à prendre la pose et son aisance à capter la lumière. Ahmed rêve de devenir Mido, acteur et mannequin.

Deux ans plus tard, autour d’un café, il lui livre son histoire, et Julie lui propose de centrer son projet autour du personnage qu’il s’est créé.

Affiche MAP 2022 - Julie Joubert
© D.R. Festival MAP
Affiche MAP 2022 - Julie Joubert

Quand la photo illustre la perte de liberté

La force de l’exposition Mido, c’est le lien particulier entre le traitement photographique et la vie d’Ahmed. La dégradation progressive des photos illustre la perte de liberté du jeune adulte. Comme en témoigne Julie Joubert : « Les premiers portraits au centre de rétention sont des photos posées, faites au reflex numérique, elles correspondent à son rêve fantasmé d’être modèle. Quand je le suivais dans les quartiers où il traînait, par contre, je ne prenais qu’un jetable, léger et discret, les clichés sont des photos de nuit, au flash, prises sans mise au point ».

Des photos de l’urgence qui préfigurent celles qui suivront : Ahmed est incarcéré à la prison de la Santé, et Julie doit alors imaginer d’autres formes d’échanges. Les clichés exposés sont des photos volées au parloir ou dans la cellule d’Ahmed. Elles sont de moins en moins cadrées, plus pixellisées et plus floues, à l’image de la vie réelle et non plus rêvée d’Ahmed.

Mido, du 3 au 19 juin, au Tri Postal à Toulouse

L’exposition a déjà reçu plusieurs prix et fait l’objet d’un livre, « Mido » paru chez Khal Éditions. Aujourd’hui, Julie Joubert travaille sur d’autres sujets, mais l’émotion qui la submerge quand elle évoque Ahmed trahit l’attachement qu’elle porte à son modèle, toujours incarcéré : « Il est heureux d’avoir réalisé ce projet, notre collaboration l’a animée. C’était un moment très fort, mais pas suffisant pour l’aider à sortir d’une histoire très complexe ».

 

Partenaire du festival MAP, le Conseil départemental a décerné à Julie Joubert le Grand Prix MAP 2022 : « Mido, souligne Anne Boyer, Vice-Présidente chargée de la Culture, c’est le récit d’une aventure humaine. Avec ce prix du Département, nous avons le souhait, ensemble, de soutenir la photographie engagée. »