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« Pour une route plus verte » : entretien avec Nathalie Gourdoux

Publié le 20 octobre 2021
Temps de lecture : 3 min
© Aurélien Ferreira/CD31

Le Conseil départemental s’est engagé à limiter l’impact écologique de la rénovation et de la construction des 6200 kilomètres de réseau routier gérés par la collectivité. Explications avec Nathalie Gourdoux, directrice adjointe techniques et prospectives à la Direction des routes. 

Quel est votre métier ?

Je suis ingénieure de formation. Au sein de la direction des routes, j’ai pour mission d’accompagner sur le volet bifurcation les services qui interviennent en support technique aux différents secteurs routiers du département. Il s’agit du service ouvrage d’arts, du service études, du service exploitation, d’un service « techniques et environnement » de la route, qui va travailler sur le volet innovation, du parc technique, d’un laboratoire des routes, d’un service hygiène et sécurité et enfin d’un service qui intervient sur le patrimoine routier et qui est expert sur le volet juridique. En matière de maintenance et d’entretien de routes départementales, notre territoire est découpé en zones regroupant plusieurs communes : Villemur-Sur-Tarn, Revel, Muret, Villefranche-de-Lauragais, Muret, Auterive, Cazères, Boulogne-sur-Gesse, Saint-Gaudens et Bagnères-de-Luchon. La direction des routes a la charge de 6200 kilomètres de réseau routier départemental, de 1800 ouvrages d’art et de près de 70 000 arbres d’alignement. C’est un patrimoine très conséquent. 

Comment votre direction a-t-elle pris le tournant de la bifurcation écologique ? 

Nous avons adapté nos méthodes de travail, de surveillance et d’entretien. Nous sommes constamment en veille et nous partageons collectivement les dernières évolutions règlementaires et innovations. Nous sommes en dialogue permanent avec les autres conseils départementaux ainsi qu’avec les prestataires privés pour tester puis massifier de nouvelles techniques. En 2023, plusieurs chantiers expérimentaux ont d’abord été réalisés avec des liants végétaux, à Auterive et à Superbagnères. Puis en 2024, la démarche a été généralisée en recourant de façon systématique à ces nouveaux liants biosourcés issus de la sylviculture pour remplacer les matériaux composés d’hydrocarbures lors de la réfection des routes. En 2025, ces pratiques ont été étendues à la construction de nouvelles routes. Dans l’attribution de ses marchés publics, le Conseil départemental a décidé d’introduire un critère environnemental de 30% pour prendre en compte la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation de matériaux, le recyclage.

Outre les matériaux, les techniques évoluent aussi…

En effet, nous utilisons désormais des enrobés tièdes, constitués d’un mélange de graviers, de sable et de liant, appliqués en une ou plusieurs couches, pour constituer le revêtement des chaussées. En abaissant leur température, nous avons pu faire des économies conséquentes. Nous réutilisons également les matériaux déjà en place. Les premiers retours sont très encourageants. Au nord du Département, nous avons pu réduire de 50% nos émissions de gaz à effet de serre, de 40% l’énergie consommée et l’utilisation des matériaux a également été divisée par deux.  Au niveau national, notre expertise et notre capacité d’innovation est largement reconnue, c’est une grande force.  

Pour poursuivre les innovations, vous vous êtes également rapprochés de l’INSA Toulouse ?

Nous avons des échanges réguliers avec le laboratoire en génie civil de l’INSA. Nous travaillons ensemble sur l’utilisation d’un béton bas carbone. Nous sommes en train de chercher des terrains d’expérimentation pour pouvoir tester ce nouveau béton, pour, demain, baisser encore davantage l’empreinte carbone de nos chantiers. 

En parallèle de l’atténuation, vous travaillez aussi sur la résilience…Qu’est-ce que cela signifie en matière de routes ?

Même si nous réduisions de manière drastique nos émissions de gaz à effet de serre, le changement climatique est engagé, avec la multiplication de phénomènes extrêmes tels que des inondations, des incendies, des glissements de terrain, coulées de boues, retrait et gonflement des argiles. Ce sont autant de phénomènes qui viennent accélérer le vieillissement de nos routes et de nos ouvrages d’arts. Cela va donc nécessiter de surveiller davantage nos infrastructures et impacter nos manières d’intervenir. En matière de gonflement de retrait des argiles, nous testons notamment de nouvelles techniques comme l’injection de lait de chaux par exemple. Nous faisons également évoluer les méthodes de fauchage avec le double impératif de prévenir le risque d’incendies mais aussi de préserver la biodiversité.