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Retour sur le colloque Eau et changement climatique

Publié le 12 novembre 2017
Temps de lecture : 4 min
Colloque Eau et changement climatique
© Rémy Gabalda
Le Département a organisé le colloque "Eau et changement climatique : réagir en Haute-Garonne" le 10 novembre 2017.

Le 10 novembre dernier, 300 personnes, parmi lesquelles des scientifiques, des élus, des agriculteurs ou encore des acteurs du monde associatif, ont participé au colloque Eau et changement climatique, organisé par le Conseil départemental de la Haute-Garonne et Haute-Garonne Environnement. Le coup d’envoi d’une grande réflexion qui doit aboutir à un projet de territoire destiné à préserver au mieux la ressource en eau sur le bassin de la Garonne amont.

Tous concernés par la préservation de nos ressources en eau

Pour limiter les impacts du réchauffement climatique sur notre planète, le Conseil départemental de la Haute-Garonne a décidé de prendre ses responsabilités, à son échelle, en mettant notamment la préservation de la ressource en eau au cœur de son plan d’actions pour l’environnement. Si des mesures ont d’ores et déjà été mises en place sur notre territoire (suivi de la qualité de l’eau, inventaire des zones humides,…), le Conseil départemental souhaite aller plus loin et mieux coordonner ces actions, en animant un véritable projet de territoire, rassemblant tous les acteurs concernés par la gestion de l’eau. Le colloque « Eau et changement climatique », organisé le 10 novembre dernier, a donné le coup d’envoi de cette démarche.

« On a ouvert la porte du frigo »

« Le Conseil départemental prend l’initiative de mettre en place un espace de dialogue et de concertation autour de la question de la préservation de la ressource en eau, a déclaré le président Georges Méric en introduction de cette journée. Ce colloque est l’occasion de croiser les regards et les témoignages. Il ouvre l’opportunité de contribuer à l’élaboration d’une vision partagée. » Convaincu « que l’agenda des solutions à venir passe par les territoires, les entreprises, les agriculteurs, les dynamiques associatives, les élus et les citoyens », le Conseil départemental et Haute-Garonne Environnement ont convié ce jour-là de nombreuses personnalités issues de domaines très variés à s’exprimer sur ce sujet.

C’est le médecin et explorateur Jean-Louis Etienne, grand spécialiste de l’Arctique, qui a ouvert le bal. « Le réchauffement climatique est une machine en route : on a clairement ouvert la porte du frigo et la disparition des glaces et des neiges éternelles, aussi bien au Pôle Nord que dans les Alpes et les Pyrénées en est la conséquence la plus spectaculaire, a-t-il témoigné. Il ne faut pas attendre que les complications s’accélèrent. » Selon lui, se préparer à une « diminution drastique de la ressource en eau » impose que chacun prenne ses responsabilités, à son échelle. « Ca commence par le citoyen qui peut capter l’eau qui tombe sur son toit et ainsi être autonome en eau pour arroser son jardin, laver sa voiture », a-t-il expliqué avant de rappeler que pour « entraîner la population, il faut lui montrer qu’il y a un chemin », invitant ainsi les décideurs à montrer l’exemple. « On a conscience de la situation, on a l’intelligence des solutions, il faut maintenant accélérer leur mise en œuvre. »

700 litres d'eau pour produire un kilo de pomme de terre

La matinée s’est poursuivie avec Bruno Parmentier. Conférencier, ancien directeur de l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, qui a commencé par dresser un état des lieux peu réjouissant des ressources en eau actuelles de notre planète, qui ne pourra que s’aggraver avec le réchauffement climatique.

Il a ensuite rappelé le rôle essentiel de l’eau dans l’alimentation humaine : il faut par exemple 700 litres pour produire un kilo de pomme de terre. « L’agriculture va être la principale victime du réchauffement climatique mais elle en est aussi la cause - elle émet à elle seule entre 20 et 25 % des gaz à effets de serre d’origine humaine - et la solution », a affirmé ce spécialiste. Comment ? En choisissant par exemple des cultures moins gourmandes en eau, mais aussi en mettant tout en œuvre pour retenir l’eau de pluie qui tombe sur les exploitations pour éviter l’irrigation. « Il faut arrêter de labourer, couvrir les sols, planter des arbres et élever des vers de terre », a-t-il résumé.
Eric Rochard de l’IRSTEA (Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture) a quant à lui conclu la matinée en détaillant aux participants les conséquences du réchauffement climatique sur les milieux aquatiques.

L’après-midi a été consacrée à des témoignages d'acteurs territoriaux venus présenter des projets concrets autour de la conciliation des différents usages de l’eau (énergie, eau potable, étiage, tourisme…), de la restauration de la qualité de l’eau ou encore d’une meilleure mobilisation des ressources existantes. Ces interventions ont été le point de départ de riches échanges avec la salle. « Tous ces témoignages nous donnent de l’énergie pour aller de l’avant ! », s’est enthousiasmé l’un des participants.

Un sentiment partagé par Pascal Boureau, président de Haute-Garonne Environnement, qui, en clôture de cette journée, s’est félicité de la « forte participation » qui « nous montre que la nécessité d’agir anime l’ensemble des acteurs de l’eau ». Et d’ajouter : « Ce colloque marque le début d’une aventure que nous mènerons ensemble pour les générations futures. » Reprenant une dernière fois le micro, l’explorateur Jean-Louis Etienne s’est quant à lui fendu d’une courte mais inspirante conclusion : « Soyez les explorateurs engagés de votre temps pour être les acteurs du monde de demain. »