En 1870, la toute jeune et fragile IIIe République prend ses marques. Dans la décennie qui suit, elle vote les lois fondatrices qui font encore référence aujourd’hui : lois Jules Ferry sur l’enseignement primaire, loi relative au contrat d’association, liberté de la presse, etc. Le 14 juillet devient, par la loi du 6 juillet 1880, fête nationale. Une première et une date qui fait alors consensus, car la prise de la Bastille incarne la libération face à un pouvoir arbitraire et absolu.
Dans le Sud-Ouest, le 14 juillet est ainsi rapidement adopté, comme peuvent en témoigner les documents conservés aux Archives départementales. La fête nationale occupe alors l’espace public selon un rituel bien rodé : on pavoise et on illumine les mairies, les bals et banquets succèdent aux manifestations officielles et autres revues militaires. Cette célébration connaît un arrêt pendant la Première guerre mondiale, puis en 1940. Exécrée par le régime de Vichy comme tout ce qui touche à la Révolution française, elle va être défendue par réaction par la Résistance. En 1942, ils sont ainsi 20 000 Toulousains à entonner la Marseillaise place du Capitole avant d’être dispersés par les policiers.
En 1943 et 1944, la situation ne se prête plus à des manifestations publiques. Le défilé patriotique à Revel, le 14 juillet 1944, coup d’éclat opéré à la barbe des autorités, fait figure d’exception. Puis vient la victoire. En 1945, on fête, haut et fort, la liberté retrouvée dans le droit fil de la tradition républicaine.