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Simul’Onu : quand des collégiens endossent le rôle d'ambassadeur

Publié le 6 mai 2024
Temps de lecture : 4 min
Photo d'une simulation de l'assemblée de l'ONU
© Déborah Fort/CD31

Le 29 avril 2024, 80 collégiens haut-garonnais ont endossé le rôle de représentants de 21 pays membres de l’Onu pour débattre autour de la liberté de pensée, de conscience et d’expression. Organisée en partenariat avec le Département depuis 2016, cette action pilotée par l’École des droits humains et de la Terre (EDDHT) s’inscrit dans le cadre du Parcours laïque et citoyen.

Il règne en ce lundi 29 avril une ambiance un peu inhabituelle dans la solennelle salle de l’assemblée de l’Hôtel du Département. À la place des élus, près de 80 élèves de 4e et de 3e venus des collèges Bellevue et Jean Moulin à Toulouse mais aussi du collège Jean Mermoz à Blagnac. Le temps d’une journée, chacun d’entre eux s’est glissé dans la peau des représentants de 21 États membres de l’Organisations unies, aux profils très divers : États-Unis, France, Chine, Iran, Timor Oriental ou Namibie...

À l’origine de l’initiative, une association, l’École des droits humains et de la Terre qui intervient dans le cadre du Parcours laïque et citoyen, porté par le Conseil départemental. Cette séance clôture une série d’ateliers menés dans les établissements. Cette année, les élèves ont réfléchi sur « comment lutter contre les atteintes à la liberté de pensée, de conscience et d’expression ». Parmi les collégiens participants, Maély, élève de 3e au collège Bellevue, fait figure d’habituée. L’année dernière, elle représentait l’Afrique du Sud et aujourd’hui, elle joue le rôle ambassadrice du Canada. Quelques minutes avant de monter en tribune pour défendre la position son État, elle se confie : « Nous avons fait des recherches sur le pays notamment le sort réservé aux minorités autochtones et préparé le discours que je vais prononcer aujourd’hui. J’aime beaucoup l’histoire et je ferai mon oral du brevet dessus ».

Des élèves qui sortent de leur coquille

C’est en revanche un baptême du feu pour Milo, élève de 4e également au collège Bellevue et qui représente le Sultanat d’Oman. Pour autant aucune appréhension chez lui : « Aujourd’hui, c’est une découverte pour moi mais nous avons été très bien formés par les adultes, j’ai appris beaucoup de choses, et j’aimerais prendre géopolitique au lycée.»

Du côté des encadrants, Chloé Rigail, conseillère principale d’éducation au collège Bellevue, qui coordonne l’activité dans le cadre des heures d’éducation à la citoyenneté, explique : « Grâce à Simul’Onu, les élèves peuvent s’entraîner à l’argumentation et à la prise de parole. C’est un excellent exercice en vue de leurs examens. C’est aussi une formidable occasion de réfléchir à leur quotidien. Les élèves en ressortent grandis, sortent de leur coquille, raison pour laquelle je suis une fidèle du dispositif, cela fait la troisième fois que je participe ».

Envisager la complexité du monde

Après les prises de paroles des 21 ambassadeurs et de deux associations invitées, Amnesty International et la Ligue des droits de l’Homme, où chacun s’observe et s’écoute tout en commençant à nouer les premières ententes, les délégations se partagent en petit groupes pour des négociations en commissions. L’une sera consacrée au contrôle des abus de l’usage de la liberté d’expression, la deuxième à la sécurisation du travail des journaliste et la dernière à la protection juridique entourant la liberté de manifestation. De leur réflexion, émaneront plusieurs résolutions. Retour en plénière pour le vote final. Si certaines propositions sont écartées, les représentants arrivent à dégager un vote majoritaire pour « sensibiliser les plus jeunes aux droits entourant la manifestation » et « adopter une convention qui protège la liberté de la presse et sanctionne les atteintes aux journalistes ». Simon Monnier, directeur de l’EDDHT, dresse un bilan très positif de la journée : « Cette nouvelle édition s’inscrit dans un contexte médiatique et géopolitique très particulier avec des tensions et des lignes de fracture y compris au sein d’une même classe. Le jeu de rôle leur permet de débattre, de prendre du recul et d’envisager la complexité du monde et des visions antagonistes notamment en termes de libertés. Aujourd’hui, ils ont été parfaits dans ce rôle pour défendre des points de vue, souvent diamétralement opposés à leurs propres convictions, et ce afin de composer pour faire société.»