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1ère édition des Rencontres pour l'égalité : tous différents, tous égaux

Publié le 5 mars 2019
Temps de lecture : 9 min
1ère édition des Rencontres pour l'égalité
© Aurélien Ferreira
Jeudi 21 mars, conférence-débat sur la lutte contre le racisme, à l'hôtel du Département.

Dans le cadre des Chemins de la République, le Conseil départemental a organisé du 18 au 22 mars 2019, les premières Rencontres pour l’égalité. Plus de 1000 personnes se sont déplacées pour assister aux conférences, débats, expositions et projections proposés au public pendant une semaine sur le thème de la lutte contre toutes les discriminations.

Qu'est-ce que les Rencontres pour l'égalité

« Dans quel monde souhaitons-nous vivre demain ? » Le président du Conseil départemental pose régulièrement la question lors de ses interventions. Face à la montée des populismes, Georges Méric veut « replacer l’humain au cœur de la politique départementale », préférant l’universalisme à l’individualisme. Depuis 2015, un programme d’actions a été lancé en ce sens : les Chemins de la République. L’objectif ? Défendre et promouvoir les valeurs qui fondent notre République. Les moyens ? Des événements concrets qui fédèrent des acteurs sur tout le territoire comme le Parcours laïque et citoyen dans les collèges, le banquet républicain du 14 juillet ou encore les Rencontres de la laïcité en décembre. Souhaitant aller plus loin, et toucher de nouveaux publics, le Conseil départemental a organisé pour la première fois cette année les Rencontres pour l’égalité.

En chiffres

+ 74 % d’actes à caractère antisémite en France, avec 541 faits constatés en 2018 contre 311 en 2017.
+ 15 % d’agressions physiques à caractère LGBTphobes, avec 139 agressions signalées en 2017 contre 121 en 2016
(sources : ministère de l’Intérieur et SOS Homophobie)

Selon un baromètre réalisé en 2016 en milieu professionnel par le Défenseur des droits, une personne sur quatre a été confrontée à des propos ou comportements sexistes, homophobes ou racistes durant les cinq dernières années. Une enquête qui révèle ainsi que ces attitudes ne sont pas un épiphénomène. Mais pour mieux les combattre, encore faut-il les comprendre. C’est tout le sens des Rencontres pour l’égalité qui ont proposé au grand public, mais aussi aux collégiens, de participer à des conférences-débats autour de quatre grands thèmes : la lutte contre l’antisémitisme, les inégalités hommes-femmes, le racisme ou encore l’homophobie. Le point d’orgue s'est tenu le 21 mars, Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, à l’occasion de laquelle une soirée-débat ouverte au grand public a eu lieu à l’Hôtel du Département, en présence d’experts. C’est lors de cette même journée que le Conseil départemental a lancera la démarche « Mon collège est une école sans racisme », en partenariat avec l’Éducation nationale et l’association Léo Lagrange, pour inviter les 96 collèges publics haut-garonnais à s’engager dans la mise en œuvre d’un projet de vivre-ensemble.

À travers les Chemins de la République, notre Département s’engage fortement pour la défense des valeurs humanistes, de laïcité et de vivre-ensemble. Pour autant, les actes de discriminations inacceptables sont trop courants, que ce soit en raison de notre couleur de peau, de notre religion, de notre genre, etc. Face à ce constat, le Conseil départemental, au-delà de son engagement contre toutes les formes de discriminations, soutient de nombreuses associations qui luttent contre ces injustices, notamment à travers le Parcours laïque et citoyen, mais nous souhaitons encore mieux les valoriser. C’est la raison pour laquelle nous créons les Rencontres pour l’égalité, afin de mettre en lumière celles et ceux qui s'engagent au quotidien. Ce sera pour nous aussi l’occasion d'annoncer la création d'un fonds supplémentaire de soutien aux initiatives innovantes pour lutter contre toutes les formes de discriminations.

Vincent Gibert, Conseiller départemental délégué aux Chemins de la République

Retour sur : les thèmes abordés

Du 18 au 22 mars, des conférences, débats, expositions et projections ont été proposés autour du thème de la lutte contre les discriminations.

La journée du 21 mars s'est déroulée sur le thème de la lutte contre les discriminations raciales. À cette occasion, Elisabeth Laporte, directrice académique des services départementaux de l’Éducation nationale de la Haute-Garonne, Georges Méric, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne et Michel Joli, président de l’association Léo Lagrange Sud-Ouest ont signé la charte "Mon collège est une école sans racisme".

150 élèves des collèges JolimontBellevue et Anatole France étaient présents à la présentation du label "mon collège est une école sans racisme" et à la signature de la charte. Ils ont pu profiter de divers ateliers animés par l’association Léo Lagrange, afin de débattre du racisme et de l’antisémitisme et des moyens de lutte.

" Cette démarche « Mon collège est une école sans racisme », unique en France, est une ambition commune du Conseil départemental et des services de l’éducation nationale, en lien avec l’association Léo Lagrange, de promouvoir dans  les 96 collèges publics de la Haute-Garonne l’obtention du label européen « Ecole sans racisme. "

Georges Méric, Président du Conseil départemental de la Haute-Garonne

Signature mon école sans racisme
Signature de la charte "Mon collège est une école sans racisme".

À noter que le collège Grand Selve, à Grenade fait figure de précurseur puisqu'il est engagé depuis 2016 dans une démarche de lutte contre les discrimination, qui lui a valu l'obtention  il y a un an du label Ecole sans racisme.

Dès 19h Audrey Pulvar, journaliste, animatrice de télévision et de radio, ancienne présidente de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH) est venue animer une conférence-débat sur le thème "lutte contre les discriminations en france aujourd'hui à travers le parcours de grandes figures".

Dans cette optique de défense des valeurs de la République, les premières Rencontres pour l'égalité ont démarré cette semaine. Aujourd'hui, vendredi 22 mars, la soirée est dédiée à la lutte contre l'homophobie.

Au programme dès 18h30, la projection du film documentaire Mes parents sont Homophobes, d’Anelyse Lafay-Delhautal, suivie à 20h d'une table ronde sur le thème "Lutte contre l'homophobie, quels chemins à parcourir?" avec Nicolas Noguier, président de l’association nationale Le Refuge, Benoît Espitalier, de l'association Arc en ciel et Jérémy Perrard, président de Pride Toulouse.

 

Un Refuge pour les jeunes victimes d'homophobie

Depuis 2012, la délégation du Refuge de Haute-Garonne accompagne et héberge à Toulouse les jeunes victimes d'homophobie en rupture familiale. Chaque année, ils sont ainsi une trentaine à bénéficier d'une aide devenue indispensable.

Dans un petit parc arboré au fond d'une impasse, sur les hauteurs de Jolimont, l'association Le Refuge joue la carte de la discrétion. Sur le bâtiment municipal mis à sa disposition, seul un numéro placardé sur la porte, permet de l'identifier. « Nous recevons dans ce local d'accueil de jour des personnes ayant besoin d'un certain anonymat », explique Serge Perrody, délégué régional de la structure.

Cette association LGBT, reconnue d'utilité publique et aidée par le Conseil départemental, propose en effet d’héberger, accueillir et accompagner les jeunes de 18 à 25 ans, victimes d'homophobie et rejetés par leur famille. « Nous les aidons sur le plan social, psychologique, juridique et médical, et passons avec eux des contrats d'une durée de minimum de six mois, qui peuvent évoluer en fonction des besoins », décrit Serge Perrody, psychologue clinicien de métier. Dans la Ville rose, quatre appartement-relais sont mis à disposition par la mairie et permettent d'héberger huit jeunes en situation d'urgence.

Association Le Refuge
© Hélène Ressayres
À Toulouse, le Refuge accompagne et héberge les jeunes victimes d'homophobie

Raviver la flamme

Au Refuge, membres de l'association et bénéficiaires, construisent ensemble un projet dans le but d'avancer vers l'autonomie. Julie Bognier, conseillère en économie sociale et familiale assure la coordination avec l'appui de l'équipe de bénévoles : « Certains jeunes arrivent chez nous désemparés. Mon boulot est d'aller voir s'il y a toujours la petite flamme, et si besoin, de les aider à la raviver. »

Depuis près d'un an, Eva, en attente d'un logement social, est suivie par l'association : « Je vis actuellement chez une amie et ma situation est assez compliquée. Ici, je bénéficie d'un soutien psychologique, et lorsque j'ai besoin de parler, il y a quelqu'un pour m'écouter. » Comme chaque mardi, la jeune femme vient également récupérer son panier de denrées fournies par la Banque alimentaire. Dans le petit local cuisine du bâtiment, Julie Bognier assure la distribution entre les bénéficiaires qui se retrouvent là pour un moment d'échange. Sofia en profite pour dévoiler fièrement sa nouvelle carte d'identité reçue le matin même. « Je suis une personne trans et même si j'ai mon propre logement que j'arrive à financer, l'association m’aide pour continuer à avancer. » Pour elle, la prochaine étape est de trouver du travail. Le Refuge sera là pour l'accompagner.

Dans ce cadre, les premières Rencontres pour l'égalité démarrent ce soir, avec une grande soirée dédiée à la lutte contre l'antisémitisme.

  • À 18h30 : visite commentée de l'exposition Les juifs de France dans la Shoah, réalisée par le Mémorial de la Shoah
  • À 20h : table ronde sur le thème « comment lutter ensemble contre l’antisémitisme ? »

Plusieurs intervenants participeront à cette soirée-débat :

Marc Weitzmann: Journaliste et écrivain, auteur de Un temps pour haïr chez Grasset.
Hubert STROUK : Modérateur de la Table Ronde et Coordinateur du Mémorial de la Shoah.
Iannis RODER : Responsable des formations au Mémorial de la Shoah et directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès.
Franck TOUBOUL : Président du CRIF(Conseil Représentatif des Institutions Juives de France).
Jonathan HAYOUN : documentariste. Réalisateur du film Sauver Auschwitz ? et ancien président de l’Union des étudiants juifs de France.

 

Sur les traces des victimes de la Shoah… depuis Toulouse

Née de la volonté de relayer les activités du Mémorial de la Shoah en région, l’antenne basée à Toulouse propose de nombreuses animations, notamment pour les scolaires. Rencontre avec des élèves de 3e du collège de Saint-Lys ont participé à un parcours de mémoire dans la Ville rose.

En janvier dernier, face à une vingtaine d’élèves regroupés au cœur du monument « Mémorial de la Shoah », dans le quartier du Grand-Rond à Toulouse, Hubert Strouk, coordinateur de l’antenne régionale, entre directement dans le vif du sujet : « Ici, nous allons aborder la question de la persécution des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. » Il raconte leur arrivée massive à Toulouse, leur internement dans les camps de Noé et du Récébédou, les rafles, etc.. Sur le chemin qui mène vers le prochain lieu de mémoire, Laura, élève de 3ème au collège de Saint-Lys, confesse : « En classe, on parle des Juifs, mais on ne sait pas vraiment qui ils étaient. On ne rentre pas dans les détails. » Sa professeure de lettres, Sophie Lescoffit, est la première à regretter le peu de temps consacré à étudier la Shoah. « D’après une étude récente, près d’un quart des jeunes Français n’en ont même jamais entendu parler! » Ses élèves n’en font pas partie. Et pour cause : elle leur fait lire des textes de Primo Lévi et les inscrit aux ateliers pédagogiques « hors les murs » proposés par le Mémorial de la Shoah à Toulouse. « Si on veut savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient, comprendre les mécanismes qui ont conduit à de telles tragédies pour que l’ Histoire ne se répète pas », plaide-t-elle, alors que le groupe fait une halte sur les allées François-Verdier.

Mémorial de la Shoah
© Alexandre Ollier
Des élèves de 3e ont participé à un parcours de mémoire dans la Ville rose

Les héros de la résistance toulousaine

C’est l’occasion cette fois d’évoquer le rôle de la Résistance toulousaine ainsi que ses héros, célèbres ou anonymes. « Des jeunes d’à peine 20 ans étaient prêts à se sacrifier pour changer les choses, ça fait réfléchir », commente Lohan. Plus loin, au pied de la cathédrale Saint-Etienne, devant le buste du cardinal Jules-Géraud Saliège, il découvre avec ses camarades ceux qu’on appelle les Justes parmi les Nations. « Des gens ordinaires ont fait des choses extraordinaires comme aider des Juifs, c’est important de s’en souvenir », estime Hugo. Le parcours se termine par une visite de la synagogue Palaprat, pour un petit « cours » accéléré sur le judaïsme. « Ce parcours a vocation à apporter un éclairage local à ce que les élèves ont étudié en classe, tout en prenant le temps de répondre à leurs questions », souligne Hubert Strouk. Le Mémorial propose de nombreuses autres activités à destination des scolaires : expositions, projections-débats, visite de lieux de mémoire en région, rencontres avec des témoins, etc. Pour ne pas oublier les horreurs du passé.

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