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Arthur Keller : "Quel acteur du changement voulez-vous être" ?

Publié le 26 octobre 2022
Temps de lecture : 4 min
Arthur Keller au Colloque "Risques climatiques et défis sociétaux" au Conseil départemental
© Aurélien Ferreira
Arthur Keller au Colloque "Risques climatiques et défis sociétaux" au Conseil départemental

Arthur Keller est auteur et conférencier expert des risques systémiques, et des stratégies de résilience collective. Il a ouvert le colloque organisé par le Conseil départemental le 13 octobre 2022 sur le thème «"Risques climatiques et défis sociétaux : et si les solutions venaient de nos territoires ?". 

Pour être très précis, Arthur Keller est ingénieur aérospatial de formation, auteur et conférencier expert des risques systémiques, des vulnérabilités des sociétés modernes et des stratégies de résilience collective et de durabilité.

Pour lui, il faut reposer la problématique. En 1974, Robert Solow (prix Nobel d’économie en 1987) soutenait que « le monde peut, dans les faits, se passer des ressources naturelles et donc s’en passer si elles venaient à manquer ». Mais aucune technologie, aucune machine n’est parvenue à remplacer les abeilles, les arbres, l’eau ou les plantes.

Au contraire, nous vivons dans un monde fini, où les ressources sont limitées, et diminuent dangereusement, soit en disparaissant purement et simplement, soit en se renouvelant trop lentement par rapport à nos besoins.

La grande accélération de l’activité humaine observée depuis une cinquantaine d’années met en péril l’habitabilité de la planète. Dans les années 70, le rapport Limits to Growth, alertait sur la nécessité d’entrer en décroissance, pour ne pas dépasser les limites planétaires. 50 ans plus tard, nous avons dépassé 6 de ces 9 limites planétaires. Nous sommes en dépassement écologique depuis une soixantaine d’années.

Le message d’Arthur Keller est simple :

« Il faut une thérapie de choc, et non des petits aménagements au quotidien. Si l’humanité était cohérente, on se mobiliserait pour arrêter 90% des activités humaines pour régénérer la nature. La question n’est pas « faut-il décroître notre empreinte écologique » mais COMMENT la faire décroître ? »

Sauve qui peut ?

Face à ce constat, certains choisissent la voie du « nous contre eux » : ils s’organisent en micro-ferme, deviennent survivalistes, construisent des bunkers. Pour Arthur Keller, c’est l’attitude opposée qui est à privilégier : nous dépendons tous les uns des autres, il est plus que temps d’être solidaires, entre nous, et avec le reste du vivant. Il faut un changement d’imaginaire : faire comprendre que NOUS AVEC EUX marchera plus que NOUS CONTRE EUX.

« Il faut se réveiller : non pas faire des efforts, mais changer de vie, vis-à-vis des autres, de nous-mêmes, de la nature. »

Pour une résilience collective

La résilience, c’est s’adapter au choc. Mais c’est envisager que nous sommes confrontés à des chocs ponctuels, des « événements ». Or, nous sommes confrontés à un PROCESSUS, non à des événements. Il faut penser à la bonne échelle, se relier, se mettre en réseau. Nous n’avons pas besoin d’une ribambelle de petits projets, mais de dynamiques insufflées par des territoires, et même des réseaux de territoires.

Comment agir ? Produire localement notre énergie, offrir des mobilités urbaines collectives, lancer des chantiers d’innovation low-tech, préserver le foncier agricole, favoriser les circuits courts et locaux, protéger nos communs (certaines institutions, le système de santé, l’accès à l’information) et permettre un accès à l’essentiel garanti pour tous. Co-construire avec les plus fragiles. Expérimenter. Si ça ne peut pas venir d’un état, ça peut venir d’un département.

« Quand les ressources vont venir à manquer, si les territoires ne sont pas solidaires et en réseaux, ils seront en compétition. »


La société est un écosystème avec des penseurs, des faiseurs, des inspirateurs, des organisateurs, des facilitateurs. Demandez-vous quelle est votre place et quel acteur du changement vous voulez être. Nous sommes à la croisée des chemins, c’est le déclic ou le déclin.

Arthur Keller