PORTRAIT

Emmanuel Fesselier, en première ligne contre l'homophobie

Publié le 16 mai 2023
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Fesselier, président du TOU'WIN Rugby Club
© Aurélien Ferreira
Emmanuel Fesselier, président du TOU'WIN Rugby Club

Lors de la Marche des fiertés, le 10 juin, le Tou’Win Rugby Club défilera comme chaque année depuis six ans, avec un mini-terrain miniature, doté de poteaux de rugby et d’une pelouse synthétique ! Rencontre avec son président, Emmanuel Fesselier, que rien ne prédestinait à épouser la cause des LGBTQIA+, mais qui a été séduit par les valeurs du club.

Emmanuel Fesselier, 33 ans, entre au Tou’Win Rugby, à son arrivée dans la Ville rose en 2012, après des études à Grenoble. Pour ce Breton de naissance, quoi de plus naturel alors que d’opter pour le rugby à Toulouse ? Au Tou’Win, il découvre un club de loisir pas comme les autres, fondé en 2006 par un groupe d’amis gays désireux de fonder une équipe inclusive, où ils ne seraient pas jugés pour leur orientation sexuelle. D’ailleurs, les Tou’Win accueillent tout le monde : femmes, hommes, hétéros, personnes LGBTQIA+, de différentes origines ou nationalités.

Des histoires qui prennent aux tripes

Ce sera la révélation pour Emmanuel Fesselier. Outre la découverte de ce sport, qu’il se met à aimer passionnément, l’ingénieur en prévention des risques industriels absorbe aussi les histoires parfois douloureuses de certains de ses coéquipiers venus d’ici ou ailleurs, parfois d’endroits où le simple fait d’être homosexuel est un crime. « Les parcours de vie de ceux qui sont devenus depuis ma bande de copains m’ont pris aux tripes. Il y a ceux qui souffrent d’homophobie dans leur cercle familial ou professionnel. Il y a aussi ceux qui n’osaient pas parler de leur orientation sexuelle dans leur ancien club et se cachaient. Faire son coming-out dans le sport ne va toujours pas de soi. Dans l’équipe, on retrouve aussi des jeunes qui n’avaient jamais osé faire du sport avant par peur d’être jugés. Défendre la cause me tient viscéralement à cœur, au point de prendre la présidence du club », raconte-t-il.

Mettre fin aux préjugés

Sur le terrain, grâce à leur qualité de jeu, les joueurs de l’équipe gagnent d’abord le respect de leurs adversaires. Mais pas que. En dehors, le Tou’Win, c’est aussi une association qui œuvre en faveur d’une meilleure acceptation des LGBTQIA+ dans la société. « In fine, ce que l’on veut, c’est que l’orientation sexuelle ne soit plus une question, d’où la devise de notre club : « Naître pour ne plus exister ». On a encore beaucoup de chemin à faire pour mettre fin aux préjugés homophobes et on s’y emploie, sur le terrain bien sûr, auprès des autres équipes amateures que l’on rencontre, mais aussi lors de différentes actions de médiation », détaille Emmanuel Fesselier. Et pour finir, pour le côté fun, le club a même créé son propre calendrier. Avec toujours le même objectif : mettre hors-jeu les préjugés !