À LA UNE

Harcèlement scolaire : l'identifier pour mieux le combattre

Publié le 4 septembre 2023
Temps de lecture : 6 min

1 élève sur 10 fait face au harcèlement scolaire. Pour lutter contre le fléau, le Département lance un plan innovant et global, qui s’applique dès la rentrée scolaire 2023 dans les collèges. Ces actions sont travaillées grâce à la Maison des adolescents et au tissu associatif. En plus du plan départemental, retrouvez sur cette page une action PLC (Parcours laïque et citoyen) menée par l'association LE&C Grand Sud.

Où commence le harcèlement ?

La lutte contre le harcèlement a été déclaré grande cause nationale par l’Éducation Nationale en 2010. Pourtant le phénomène ne ne faiblit pas. Il toucherait aujourd’hui 800 000 à 1 million d’élèves en France, soit 1 élève sur 10. « Le manque de respect, certaines marques de violences dans les cours de collèges peuvent être propices à faire émerger du harcèlement », constate aussi Quentin, mais depuis le raz-de-marée des écrans et des téléphones portables, il se poursuit surtout en ligne en dehors du collège, touche tous les milieux, et il est bien plus difficile à repérer pour les parents et les enseignants.

Mardi 27 juin dernier, les élus départementaux ont adopté un plan de lutte départemental contre le harcèlement scolaire, qui s’appliquera progressivement à partir de la rentrée 2023. Ce plan s’articule autour de deux volets : des actions de prévention et de sensibilisation dans les collèges (en complémentarité avec le dispositif pHARe de l’Éducation nationale) et l’accompagnement des victimes de harcèlement, des auteurs et des familles.


Les actions :

  • Un nouveau catalogue d’actions de sensibilisation au harcèlement scolaire portées par des acteurs associatifs du territoire à disposition des collèges (sur le modèle du Parcours laïque et citoyen). 35 nouvelles actions déployées pour un budget de 192 000 €. Cliquez sur le document ci-dessous pour le visionner.
  • 18 volontaires en service civique, spécifiquement formés, mobilisés dans les collèges pour informer les jeunes sur les « bons réflexes » à adopter et apaiser le climat scolaire. Expérimentation menée avec l’association Unis-Cité, pendant les pauses méridiennes, en lien avec l’Éducation nationale. 
  • Actions collectives de sensibilisation et de prévention du harcèlement et du cyber harcèlement, proposées par la Maison départementale des adolescents à destination des adolescents, de leurs parents et des professionnels. Cliquez sur ce lien pour voir les ateliers proposés et vous inscrire
  • Un guide pratique et pédagogique sur le harcèlement et les recours possibles, destiné aux élèves et aux familles, ainsi qu’un « harcèlomètre » (déjà utilisé par les professionnels de l’enfance) diffusés dans les établissements, à compter de novembre 2023.
  • Un plan de formation, construit en lien avec l’Éducation nationale, à destination des personnels des collèges, intervenants extérieurs et volontaires en service civique pour mieux repérer et signaler les cas de harcèlement. Un dispositif de formation gratuit sera également développé pour les acteurs départementaux éducatifs, sociaux et culturels (copiloté par le Conseil départemental, la CAF et l’Éducation nationale).
  • Aménagement des espaces de vie dans les collèges pour éviter les situations de harcèlement. Conception plus égalitaire et sécurisante des cours, vestiaires, toilettes, entrées des établissements et des espaces de circulation.
  • Maintien des dispositifs déjà déployés pour favoriser un climat scolaire serein et apaisé : Ateliers du midi (animations ludoéducatives sur la pause méridienne destinées à lutter contre les incivilités) et Parcours laïque et citoyen (catalogue de près de 260 actions sur les valeurs républicaines en 2023 – 2024). 


L’accompagnement des élèves et leur famille

  • Renforcement de l’accès aux droits des victimes et de leurs familles via la Maison départementale des adolescents en lien avec ses partenaires associatifs de conseil juridique gratuit aux mineurs et aux familles (Conseil départemental de l’accès aux droits, Maison des droits, des enfants et des jeunes).
  • Mise en place de groupes de paroles sur le harcèlement pour les adolescents et leurs parents à la Maison départementale des adolescents.
  • Stages collectifs en petits groupes à destination des harceleurs, à partir de janvier 2024 pour la prise de conscience de leurs actes, de leur portée et du risque encouru.
  • Prise en charge médicale et psychologique des jeunes victimes de harcèlement via la Maison départementale des adolescents en lien avec le CHU de Toulouse. L’objectif est de créer un réseau de professionnels de santé formés sur ces questions.


Une action PLC pour prévenir le harcèlement scolaire

Quentin et Dounia ont une vingtaine d’années chacun, et un look d’ados qui met en confiance tous les élèves qu’ils rencontrent. Au sein de l’association LE&CGS (Loisirs Éducation et Citoyenneté Grand Sud), ils interviennent dans les collèges de Haute-Garonne pour mener des actions de prévention contre le harcèlement scolaire, dans le cadre du parcours laïque et citoyen. « À chaque fois que nous intervenons dans une classe, nous diffusons le film "Fais passer", que nous avons créé sur le harcèlement, et ensuite nous faisons réagir les collégiens », explique Dounia. « Une fois, un élève de 3e s’est "reconnu" tout de suite dans le film. Il a levé le doigt et m’a dit, moi aussi je suis harcelé ! » Insultes et moqueries répétées, violences dans la cour, ou sur les réseaux sociaux derrière l’anonymat d’un écran…

Le plus souvent les collégiens ont du mal à identifier ce qui est du harcèlement ou pas, et même à reconnaître s’ils sont harcelés ou harceleurs.

Devenir un citoyen actif face à une situation de harcèlement

Au cours de leurs interventions, Quentin et Dounia instaurent la confiance, « démontent » les mécanismes du harcèlement et ouvrent le dialogue. « Petit à petit les langues se délient, raconte Dounia, comme cette fois où une collégienne s’est mise à pleurer et a commencé à exprimer ce qu’elle ressentait devant toute la classe. On a comparé les histoires et parlé du groupe, certains ont pris conscience des effets du harcèlement. Mais attention, il ne s’agit pas de stigmatiser, plutôt de planter une petite graine pour que les choses changent », insiste la jeune femme. « Parfois je leur dis, si vous êtes très populaire et que vous assistez à une situation de harcèlement, pourquoi ne pas vous transformer en citoyen actif et engagé, prendre position (sans se mettre en danger) ? Du coup tout le monde se sent potentiellement responsable et capable d’intervenir pour stopper le cercle du harcèlement. »

La réalité virtuelle contre le cyber-harcèlement

Alors que le cyber-harcèlement fait des ravages avec des vidéos de personnes harcelées, qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux, la LE&CGS (Loisirs éducation et Citoyenneté Grand Sud) proposera dès la fin de l’année, deux outils de prévention basés sur l'utilisation des smartphones et les réseaux sociaux. Le but ? Faire ressentir à tout le monde ce que ressent une personne harcelée sur les réseaux sociaux quand des milliers de likes s’affichent sur une rumeur la concernant. L’association travaille aussi à créer un jeu basé sur un court métrage avec plusieurs situations de harcèlement.

Que dit la loi ?

Depuis 2002, la loi définit le harcèlement scolaire comme un délit spécifique. « Le harcèlement scolaire est constitué par des faits de harcèlement moral commis à l’encontre d’un élève par toute personne étudiant ou exerçant une activité professionnelle au sein du même établissement d’enseignement. Il peut s’agir de propos ou de comportements répétés, ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de vie de la personne harcelée se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale. La répétition peut être le fait d’un auteur ou de plusieurs auteurs, agissant de manière concertée ou non mais qui savent que leur action collective caractérise une répétition. » Un harceleur risque trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. En cas de cyber-harcèlement, l’outil peut être saisi et confisqué et le harceleur se voir imposer un stage de citoyenneté.