Des noms de figures historiques pour quatre collèges haut-garonnais

Publié le 12 septembre 2025
Temps de lecture : 4 min
© Aurélien Ferreira/CD31
Dévoilement d'une plaque à la mémoire de Jeanne et Jean Phillipe le 9 septembre 2025

Ouverts en 2022, quatre collèges haut-garonnais ont pris le nom de figures historiques : Jeanne et Jean Phillipe à Saint-Simon, Sabine Weiss à Guilhermy, Elisa Deroche à Beauzelle et Ginette Kolinka à Seysses. Autant de personnalités (dont quatre femmes) importantes du fait de leur engagement citoyen. Un geste fort quand on sait que les femmes sont restées longtemps invisibles dans l'espace public.

Les collèges de Saint-Simon, Guilhermy, Beauzelle et Seysses font partie des nouveaux collèges ayant ouvert en septembre 2022. Pour les nommer, la communauté éducative a été invitée à se saisir des noms de femmes représentatives de la diversité de notre Nation et remarquables du fait de leur engagement citoyen et de leur rôle dans l’histoire contemporaine. Un geste fort quand on sait l’invisibilisation des femmes qui a longtemps prévalu par le passé.

Après un vote des conseils d’administration des établissements, puis des communes de rattachement des collèges, les élus départementaux, réunis en commission permanente, ont adopté définitivement ces dénominations le 4 juillet 2024.

Le collège de Saint-Simon a opté pour le nom « Jeanne et Jean Phillipe ». « Dénommer ce collège (ainsi), c’est perpétuer la mémoire de ce couple héroïque de la Résistance qui a sauvé de nombreux juifs », a rappelé Sébastien Vincini, le président du Conseil départemental, lors d'une cérémonie, organisée dans l'établissement le 9 septembre 2025 et marquée par le dévoilement d’une plaque hommage à Jeanne et Jean-Phillipe.  

Au cours ce manifestation émouvante, animée par l’historienne Elerika Leroy, du Musée départemental de la Résistance & de la Déportation, quatre collégiens sont allés au pupitre lire un texte retraçant la vie de ce couple au courage inouï.

L’histoire d’une femme et d’un homme, Jean Phillipe, commissaire dans le 7e arrondissement de Toulouse, devenu le chef régional du réseau Alliance, sous le pseudonyme de « basset ». Dans la Ville Rose, sa fonction le place au cœur de la répression vichyste et lui permet de prévenir et d’empêcher des arrestations. Faux papiers, renseignements transmis à Londres, hébergements de résistants, de familles juives, organisation de leur fuite vers l’Espagne.  La maison des Phillipe aux Chalets se mue en foyer de résistance.  

En janvier 1944, Jean démissionne avec fracas de son poste, refusant de participer à la déportation de Juifs, se condamnant à l’exil et à une mort certaine. Rattrapé par la police allemande dans le Tarn-et-Garonne, il est emprisonné et torturé en France puis en Allemagne. Jeanne parvient à le voir après avoir remué ciel et terre. Jean est fusillé, avec d’autres membres du réseau Alliance, le 1er avril 1944. Jeanne est arrêtée aussi et déportée vers les camps de Ravensbrück puis de Bergen-Belsen. À son retour, elle poursuit ses engagements politiques et mémoriels jusqu’à sa disparition en 1979.

Francine Théodore Lévèque, représentante du Mémorial de Yad Vashem, a pris la parole pour évoquer l’engagement humaniste du couple et le sacrifice de Jean, nommé en 1995 « Justes parmi les nations », la plus haute distinction délivrée par l’État d’Israël a des civils pour leur rôle pendant le Shoah. 

Sébastien Vincini, de conclure, en s’adressant aux élèves : « Votre collège est désormais plus qu’un bâtiment. C’est un symbole de la mémoire de la résistance, celui de la mixité, celui de la fraternité, celui de la jeunesse qui grâce à l’école s’élève, s’émancipe et se prépare à bâtir un monde meilleur ».

Les autres collèges

Au collège de Guilhermy qui compte une section dédiée à l’image, c’est le nom de « Sabine Weiss », célèbre photographe franco-suisse, disparue en décembre 2021 à l’âge de 97 ans, qui a été choisi.  Au fil d'une longue carrière de photographe, à la fois éclectique et internationale, Sabine Weiss n'a eu de cesse de mettre en avant sa légitimité d'artisan photographe dans un monde essentiellement masculin. Son travail se fondait sur la curiosité, la rencontre de l’autre et l’empathie.

À Beauzelle, les élèves vont au collège « Élisa Deroche », en souvenir de la première femme à obtenir le brevet de pilote en France en 1910, ouvrant la voie aux futures aviatrices qui lui succèderont. Par son parcours, elle prouva que le courage, l'ambition et le talent n’ont pas de genre. Passionnée et déterminée, elle défia les conventions de son époque, s'illustrant en particulier dans des meetings aériens et battant plusieurs records dont celui d'altitude, atteignant 4800 mètres le 12 juin 1919.

Enfin au collège de Seysses, c’est le nom de « Ginette Kolinka », survivante du camp d’Auschwitz- Birkenau et ambassadrice de la mémoire, qui est inscrit sur la façade du collège. Née le 4 février 1925 à Paris, elle a rejoint une association d’anciens déportés au début des années 2000 pour raconter la Shoah. Ambassadrice de la mémoire, elle parcourt inlassablement la France pour raconter son histoire aux collégiens et lycéens afin qu’ils deviennent à leur tour passeurs de mémoire.