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Le site historique des Hauts-Murats sort de l’ombre

Publié le 12 avril 2021
Temps de lecture : 3 min
site des hauts-murats
© Adrien Nowak
L'ancienne prison militaire va bénéficier de la création d’un parcours d’interprétation et d’un espace muséographique.

A l’occasion des 150 ans de la Commune de Toulouse, le Conseil départemental a donné le coup d’envoi de la restauration du site historique des Hauts-Murats, où ont été emprisonnés une partie des communards. 

En plein centre-ville de Toulouse non loin du palais de justice, coincé entre deux remparts, le site historique des Hauts-Murats reste largement méconnu des Hauts-Garonnais. C’est pourtant ici, dans la prison de Furgole, qu’ont été emprisonnés de nombreux républicains espagnols, mais aussi des résistants durant l’Occupation et, avant cela, en 1871, une partie des communards toulousains.

Lieu de mémoire

Car on le sait peu, mais Toulouse aussi a eu sa Commune ! Il y a 150 ans, le 25 mars 1871, soit une semaine après Paris, des insurgés ont en effet proclamé la Commune de Toulouse au balcon du Capitole, au cri de « Vive la Commune ! Vive Paris ! ». Se revendiquant patriotes et anticléricaux, ils ont juré, à l’instar de leurs homologues parisiens, de défendre la République et ses valeurs, face à l’Assemblée Nationale, majoritairement monarchiste, et au gouvernement provisoire d’Adolphe Thiers.

« En vingt ans, la population toulousaine avait doublé, et beaucoup d’ouvriers s’entassaient dans des quartiers insalubres, rappelle l’historien Rémy Pech. Il y avait un potentiel de révolte énorme. » Pour autant, le soulèvement a été de courte durée. Dès le 27 mars, trois escadrons de cavalerie, six cents fantassins et six canons chargés à mitraille sont installés sur la place du Capitole par le nouveau préfet Kératry. « La catastrophe a été évitée de peu grâce à l’intervention de médiateurs, dont le procureur de la République », souligne Rémy Pech. La Commune de Toulouse prend fin sans faire couler une goutte de sang. L’événement ne marquera donc pas les esprits. « Mais il ne faut pas sous-estimer la Commune de Toulouse : les Communards étaient déjà des Résistants », insiste Rémy Pech. 

Parcours d'interprétation et espace muséographique

Si les communards emprisonnés à Furgole furent rapidement acquittés et libérés, la prison, elle, est restée en service. Plusieurs décennies plus tard, sous l’Occupation, de nombreux résistants y furent même enfermés au secret et torturés. « Le lieu est ainsi devenu le symbole de la rébellion à l’oppression, affirme Elerika Leroy, chargée de mission des hauts lieux de la Résistance au CD31. Il est important aujourd’hui de mener un travail de recherche, qui n’a jamais été entrepris jusqu’alors, pour le faire sortir de l’oubli. »

Avec ce même objectif, le Conseil départemental a lancé en mars dernier, un projet de restauration du site des Hauts-Murats, en partenariat avec le Groupe Les Chalets, propriétaire des lieux, pour un montant de plus de 900 000 €, soit 50 % du montant des travaux. Ce haut-lieu de l’Histoire toulousaine qui comprend les remparts antiques et la tour médiévale de l’ancienne prison militaire des Hauts-Murats, va bénéficier d’une valorisation à travers la création d’un parcours d’interprétation et d’un espace muséographique. Il sera intégré à terme au circuit Haute-Garonne résistante sur la ville de Toulouse.