REPORTAGE

Stations d’alerte : l’eau à la loupe

Publié le 30 juin 2023
Temps de lecture : 3 min
Jean-Michel Monge, technicien du laboratoire départemental, en charge du pilotage des RSA
© Hélène Ressayres
Jean-Michel Monge, technicien du laboratoire départemental, en charge du pilotage des RSA

Ces petites maisons se remarquent à peine et pourtant leur rôle est stratégique en terme de protection de la ressource en eau.  Rencontre avec Jean-Michel Monge, technicien du laboratoire départemental, en charge du pilotage opérationnel du réseau des stations d’alerte (RSA) haut-garonnaises. Rendez-vous est pris  dans la station d’alerte du Lherm, qui jouxte le canal de Saint-Martory. Reportage.

Situées à proximité des usines de production d’eau potable, les stations d’alerte jouent un rôle névralgique en terme de mesure de la qualité de l’eau et de veille sanitaire. « Nous analysons ici l’eau brute, c’est-à-dire non traitée, en amont des usines d’eau potable de Roques, de Tournefeuille et en direct pour celle du Lherm. L’eau est prélevée et analysée en continu directement dans le canal de Saint-Martory à proximité. Nous procédons alors à plusieurs analyses physico-chimiques comme le pH, la conductivité, l’oxygène dissous, la température, la turbidité (c’est à dire la présence de particules en suspension), ainsi que la concentration en matière organique et la présence d’éventuels hydrocarbures. Certains de ces paramètres sont systématiquement croisés avec nos équipements portatifs. L’ensemble des données des stations d’alerte sont télétransmis vers un poste de supervision dans les locaux du siège du laboratoire à Launaguet », détaille Jean-Michel Monge, installé devant les instruments de mesure de la station. 

Innover encore et toujours

En cas d’anomalie, justement, que se passe-t-il ? « De manière concomitante, l’Agence Régionale de la Santé et les usines d’eau potable sont automatiquement prévenues. En cas de pollution avérée, rendant l’eau impropre à la consommation, elles ont alors la latitude soit d’adapter leur traitement, soit de stopper leur production et de puiser dans leur stock, le temps que la situation se rééquilibre soit d’activer un pompage en secours», poursuit Maëliss Jacquin, responsable des interventions extérieures, qui chapeaute les RSA au sein du laboratoire départemental. « Notre rôle est crucial quand on sait qu’en Haute-Garonne, plus de 90% de l’eau consommée vient des eaux de surface, contrairement à d’autres départements alimentés par les eaux souterraines moins fragiles car moins exposées.

Aujourd’hui, nous renforçons notre action et sommes en perpétuelle recherche d’innovation», poursuit Agnès Deltort, directrice du laboratoire. Pour preuve, le laboratoire vient d’ailleurs de se doter d’un nouvel instrument, un biocapteur, financé par le Département de la Haute-Garonne avec une subvention de l’Agence Adour Garonne, qui grâce à l’observation de l’activité bactérienne, va permettre d’élargir le spectre de détection.

Et Jean-Michel Monge de rappeler un épisode qui leur a valu de se doter d’une sonde couleur sur le site du Lherm : « Il y a quelques années, nous avons eu sur la Garonne et le canal de Saint-Martory un épisode de coloration brunâtre de l’eau, lié à une forte concentration en tanins d'origine végétale, entraînant des difficultés de traitement de la ressource au niveau des usines d’eau potable. Aujourd’hui cela n’arriverait plus ! ». 

Travail en réseau

Au-delà de la protection des populations, les stations d’alerte, construites entre la fin des années 90 et le début des années 2000, jouent aussi à plein le rôle d’auxiliaire pour améliorer la connaissance du cycle de l’eau, grâce aux données récoltées. « Nous travaillons en étroite relation avec l’Agence régionale de santé et la préfecture. Nous sommes aussi très impliqués dans le projet de territoire Garon’amont par le biais des futurs observatoires des sources et de la thermie des cours d’eau», indique Agnès Deltort. 

En Haute-Garonne, 4 stations d’alerte sont gérées par le laboratoire départemental 31 Eau-Vétérinaire-Air : à Toulouse sur le site de l’espace EDF Bazacle, à Saint-Julien-sur-Garonne, à Montespan et au Lherm. Pour accroître la protection des stations d’eau potable du département de la Haute-Garonne et améliorer encore le service public rendu, trois nouveaux dispositif d’alerte sont en projet : à Saverdun en Ariège, mais également sur l’Agout à Saint-Lieux-lès-Lavaur et sur le Tarn à Rabastens. Un maillage qui va croissant au bénéfice de toutes et tous !