Bocalenvers, la cuisine anti-gaspi et solidaire

Cerises abîmées par la grêle, pommes trop mûres, courgettes moches… Tout ce qui relève du cauchemar pour la grande distribution et les producteurs, est une aubaine pour Bocalenvers. L’association non lucrative installée à Toulouse, sauve de la poubelle chaque année dix tonnes de fruits et légumes, déclassés ou invendus, les cuisine, les met en conserve dans des bocaux « renversants », puis les revend en circuit court. « La cuisine c’est un support, car nous sommes avant tout une structure d'insertion », précise Soël Maincent, qui a fondé l’association en 2022 avec Camille Magre. Bocalenvers a été soutenu à hauteur de 10 000 euros, dès sa création par le fonds d’innovation sociale du Conseil départemental de la Haute-Garonne, puis de nouveau mise à l’honneur cette année par Toulouse Football Cœur. 

Elle réalise un chiffre d’affaires annuel de 70 000 euros, des bénéfices qui sont réinvestis dans le fonctionnement de l’association. Elle compte six salariés, dont trois en insertion, et accompagne chaque année 30 personnes en situation de handicap ou de précarité vers le retour à l’emploi. Elle aide par exemple des personnes sans abri à retrouver un toit ou à résoudre un problème de santé. La structure est hébergée dans les locaux de l’ancienne direction régionale de l’opérateur Orange, quartier Soupetard. Le lieu est piloté par la SCOP Intercalaire, spécialisée dans l’urbanisme transitoire. « Ici nous leur proposons un environnement qui leur permet de s’exprimer et de monter en compétence pour se sentir utiles », décrit Soël. En cuisine, c’est Maud, l’encadrante technique qui initie les salariés en insertion à tous les aspects du métier d’agent polyvalent de cuisine : mise au point des recettes, techniques de conservation, préparation des commandes, livraisons… « Je suis dans la perspective de les aider à se former, et de valider s’ils ont des affinités ou pas, avec le monde de la cuisine. » Aujourd’hui, suite à l’arrivée d’un stock de légumes déclassés, Diego a la responsabilité d’élaborer une nouvelle recette de purée de carottes rôties aux céleris. « Je dose les épices pour adoucir ce cèleri, mais il faut que je goûte car à la fin de la journée, la recette devra avoir été validée par toute l’équipe », explique le jeune homme. Salarié en insertion chez Bocalenvers depuis juin 2025, il a découvert un aspect du métier qu’il ignorait : la gestion et la préparation des commandes ; et grâce à l’aide de la conseillère d’insertion professionnelle, il envisage désormais de se former pour devenir cariste d’entrepôt.