REPORTAGE

Escape game contre le harcèlement au collège

Publié le 10 novembre 2025
Temps de lecture : 4 min
© Hélène Ressayres/CD31
Les 4e du collège de Launaguet le 6 novembre 2025

Le président Sébastien Vincini et Vincent Gibert, vice-président en charge de l’Éducation, ont rendu visite le 6 novembre 2025, Journée nationale de lutte contre le harcèlement, au collège Camille Claudel à Launaguet, où était organisé un jeu collaboratif contre ce fléau. Une action portée par l’association d’éducation populaire Afev (Association de la fondation étudiante pour la Ville) et financée par le Département dans le cadre du Plan départemental de lutte contre le harcèlement scolaire. Reportage. 

Ça commence par un vocal et des textos désespérés : « c’est chaud ce qu’il m’arrive, tu sais. Il y a des nudes de moi, j’ai envie de disparaître et il menace de les diffuser à tout le monde ». Ginane est collégienne et se confie à sa camarade Nora sur son mal-être, les moqueries répétées sur son physique, les regards appuyés, les intimations quotidiennes, les boucles Whatsapp qui la dénigrent constamment. Un enfer sans fin qui la poursuit jusqu’à sa chambre le soir…

Si l’histoire est fictive, elle parle au groupe de collégiens de 4e, qui participent ce 6 novembre 2025, Journée nationale de lutte contre le harcèlement, à l’escape game proposé au collège Camille Claudel par l’association Afev (Association de la fondation étudiante pour la Ville). Car tous ont déjà entendu parler de harcèlement, eu des proches touchés ou ont été touchés eux-mêmes. De salle en salle, en passant par le CDI, la vie scolaire et l’infirmerie, les élèves, guidés par Lucas, salarié de l’association, se déplacent pour reconstituer l’histoire de Ginane et identifier les moyens de sortir de la spirale du harcèlement : un livre trouvé à la bibliothèque, des adultes référents comme les assistants d’éducation ou l’infirmière scolaire, des élèves ambassadeurs… 

Libérer la parole

Le jeu est avant tout le prétexte à échanger et à libérer la parole comme l’explique Emma Blaise, déléguée aux actions éducatives à l’Afev : « Avec ce jeu qui permet aux élèves de s’exprimer plus facilement, nous voulions amener les collégiens à se questionner, sur la base d’une histoire inventée, sur leur propre rapport à des situations de harcèlement. Pas seulement en tant que victime ou auteur mais aussi témoins passifs ou défenseurs. D’ailleurs, l’escape game finit par une question : comment mettre fin au harcèlement ? Nous cherchons avant tout une prise de conscience collective. Chacun doit être acteur ! » Message reçu par les élèves comme Wiam : « je trouve ça bien qu’on organise ça au collège car cela permet d’ouvrir les esprits, car c’est plus courant qu’on ne le pense d’ailleurs, j’ai moi-même vécu une situation de harcèlement en 6e. Il faut en parler de suite avant que ça ne prenne des proportions plus importantes. »

Collège moteur

L’initiative n’est pas isolée au collège Camille Claudel, moteur sur cette question comment l’expliquent Catherine Bouhamid, la conseillère principale d’éducation et Ann Cachot, la principale : « Chaque année, outre la lutte contre le harcèlement, nous organisons quatre grandes journées sur des thématiques telles que la laïcité, l’inclusivité et le handicap, la lutte contre le racisme et la xénophobie, les discriminations contre les LGBTQIA+, etc. Au quotidien, nous sommes, enseignants et administratifs, tous très impliqués sur les questions du vivre ensemble, nous privilégions la bienveillance, l’écoute et le dialogue. Nous organisons aussi des actions de prévention à destination des parents. Tout ceci est très bénéfique en matière de climat scolaire, d’apprentissage et de réussite. »

En France, 37% des jeunes en France ont été confrontés au harcèlement. Des chiffres alarmants qui ont amené le Département à se mobiliser fortement, aux côtés de l’Éducation nationale, pour accompagner au plus près les élèves qu’ils soient victimes ou auteurs ainsi que leurs familles, à travers des actions de prévention et de sensibilisation dans les collèges, en complémentarité avec le dispositif pHARe de l’Éducation nationale. Pour lutter contre ce fléau, le Département a voté un plan de lutte contre le harcèlement en juin 2023 et publie, chaque année, le guide pratique d'orientation "Harcèlement scolaire, tous concernés !" distribué aux 68 000 collégiens de la Haute-Garonne réalisé avec l'ensemble des partenaires de la prévention, de l'éducation, du soin, de la justice. 

"En Haute-Garonne, nous avons décidé d’agir, au-delà de nos compétences légales, pour lutter contre le harcèlement scolaire au collège qui est un véritable fléau et dont les conséquences peuvent être dramatiques. L’école de la République n’est pas seulement un lieu d’apprentissage scolaire, c’est également un lieu d’apprentissage de la vie. Nous le savons, les "années collège" sont un moment charnière pour les adolescents. Il relève de notre responsabilité collective de leur donner tous les outils pour réussir, s’épanouir et s’émanciper dans un environnement scolaire serein et bienveillant".


Sébastien Vincini, président du Conseil départemental