"La face cachée" d'Yan Khudoyan

« Dans mon bulletin / Y avait qu’des perturbations / Je voulais d’l’attention / Au final j’ai eu que d’la sanction ». L’impasse dans laquelle se trouve Yan Khudoyan à la sortie de la crise sanitaire est résumée dans ce premier rap écrit à 13 ans. À l’entrée en 5^e, cet élève pourtant à l’aise à l’oral commence à perdre pied. Il décroche et cumule les avertissements, jusqu’à l’exclusion temporaire. « Yan n’était pas seul, confie sa maman, on était derrière, mais ça ne suffisait plus ». Sollicitée par le collège, Vanessa Guibbert de l'association Amicale laïque intervient dans le cadre du CLAS (contrat local d’accompagnement à la scolarité) : « C’est par l’initiation au rap, sur les conseils de son frère qui en faisait aussi, que j’ai pu faire en sorte que Yan reste concentré sur les apprentissages pendant ses trois dernières années de collège ».

En novembre dernier, à l’occasion de la Journée de lutte contre le harcèlement scolaire, Madame Serée de Roch, le professeur d’histoire, propose à ses 3^e4 de participer au concours « Non au harcèlement ». Vanessa Guibbert incite alors Yan à composer un morceau de rap qui deviendra « La face cachée » : « Des larmes qui coulent sur une joue / Encore un ado qui s’fait harceler tous les jours ». « Moi, je n’ai pas été victime, précise Yan, mais j'aime raconter des histoires dans mes chansons alors je me suis mis dans la peau d'un enfant harcelé qui rentre chez lui ». Yann écrit un premier couplet, puis déroule le fil et retravaille longuement les couplets et le rythme avec Madame Guibbert, puis avec sa classe et son professeur. Il cherche la bonne instru, et exigeant, va même jusqu’à enregistrer lui-même la bande-son en studio. « Les élèves ont ensuite travaillé la chorégraphie du clip avec leur professeur de sport, lors d’un cycle danse. Les répétitions et le tournage du clip ont vraiment soudé la classe et le prix a permis aux élèves de réussir en dehors des compétences purement scolaires » souligne Madame Serée de Roch. Dans « La face cachée », Yan joue le rôle du narrateur qui vient en aide à l’harcelé.

Aujourd’hui, Yan a 15 ans, cette expérience lui a permis de prendre confiance en lui et d’envisager l’avenir plus sereinement. Soit, dans son langage de rappeur : « Ça y est j’ai grandi, fini les conneries » !