D’évidence, Laure Thouault possède l’art de séduire et de convaincre. Il suffit de suivre le ballet gracieux et énergique de ses mains, pendant la conversation, pour s’en persuader. Mais, pour saisir la force de caractère qui caractérise cette jeune femme trentenaire, il faut aussi écouter ceux qui, comme Fanny Léon, pratiquent le hip-hop avec elle depuis dix ans : « Je suis tombée amoureuse de cette danse grâce à elle. C’est elle aussi qui m’a permis d’y croire et de décider d’en faire mon métier. En plus de la technique, elle m’a transmis la passion, c’est très rare ! »
Le choc des cultures
Il faut dire que, dès trois ans et demi, Laure est tombée dans la marmite de la danse. Celle du modern-jazz d’abord, avant que l’ado de Castelginest ne trouve sa voie : « J’ai découvert le hip-hop en 1994 grâce à la musique, aux mixtapes de DJ Cut Killer. Puis en 1997, j’ai vu BGirl Karima d’Aktuel Force, et j’ai été saisie par sa technique de danse au sol. C’est là que j’ai compris que c’était exactement ce qui convenait à ma personnalité et à ma dynamique de corps. » Vient alors le temps des cours à Empalot avec Wari, de la pratique sur le béton de la Maison Bleue : « J’étais la seule blanche, c’était le choc des cultures. Ma mère était dans tous ses états mais j’ai persévéré, et je n’ai jamais lâché ! Je pense que ça fait partie de moi, et de ma manière de m’exprimer dans la société. » En pratiquante assidue, Laure apprend les codes, découvre cet univers et prend alors conscience de l’existence de cette culture hip-hop « stigmatisée, stéréotypée » : « Grâce à cette immersion, je me suis émancipée et mes études universitaires m’ont permis de construire des contenus pédagogiques que j’ai pu associer à ma passion. »