PORTRAIT

Laure Thouault, le hip hop au féminin

Publié le 24 mars 2019
Temps de lecture : 4 min
Laure Thouault
© Aurélien Ferreira
Laure Thouault, le hip hop au féminin.

Créée depuis 2006 par Laure Thouault, l'association LDanse promeut le hip-hop pour tous. La compagnie a participé à la seconde édition de L'égalité femmes-hommes, c'est plus qu'un jour, qui s'est déroulée du 8 au 25 mars 2019.

D’évidence, Laure Thouault possède l’art de séduire et de convaincre. Il suffit de suivre le ballet gracieux et énergique de ses mains, pendant la conversation, pour s’en persuader. Mais, pour saisir la force de caractère qui caractérise cette jeune femme trentenaire, il faut aussi écouter ceux qui, comme Fanny Léon, pratiquent le hip-hop avec elle depuis dix ans : « Je suis tombée amoureuse de cette danse grâce à elle. C’est elle aussi qui m’a permis d’y croire et de décider d’en faire mon métier. En plus de la technique, elle m’a transmis la passion, c’est très rare ! » 

Le choc des cultures

Il faut dire que, dès trois ans et demi, Laure est tombée dans la marmite de la danse. Celle du modern-jazz d’abord, avant que l’ado de Castelginest ne trouve sa voie : « J’ai découvert le hip-hop en 1994 grâce à la musique, aux mixtapes de DJ Cut Killer. Puis en 1997, j’ai vu BGirl Karima d’Aktuel Force, et j’ai été saisie par sa technique de danse au sol. C’est là que j’ai compris que c’était exactement ce qui convenait à ma personnalité et à ma dynamique de corps. » Vient alors le temps des cours à Empalot avec Wari, de la pratique sur le béton de la Maison Bleue : « J’étais la seule blanche, c’était le choc des cultures. Ma mère était dans tous ses états mais j’ai persévéré, et je n’ai jamais lâché ! Je pense que ça fait partie de moi, et de ma manière de m’exprimer dans la société. » En pratiquante assidue, Laure apprend les codes, découvre cet univers et prend alors conscience de l’existence de cette culture hip-hop « stigmatisée, stéréotypée » : « Grâce à cette immersion, je me suis émancipée et mes études universitaires m’ont permis de construire des contenus pédagogiques que j’ai pu associer à ma passion. » 

« Ma volonté ? valoriser la place des femmes dans la culture hip hop »

La place des femmes

Cette transmission, opérée depuis les origines par des formateurs masculins, s’effectue alors avec un regard de femme. Avec une danseuse malienne et une laotienne, le spectacle Portraits de femmes voit le jour pour « valoriser la place de la femme dans la culture hip-hop, sans jouer la carte du féminisme extrême. » Les débuts sont difficiles mais quand les choses sont faites « avec le cœur », les montagnes basculent… En 2006, l’association LDanse voit le jour - Laure en est la responsable pédagogique - avec « la volonté d’agir dans le domaine de l’éducation artistique. » Puis sont venus se greffer l’événementiel, la création de pièces chorégraphiques, l’échange international ou encore la formation. Peu à peu, la présence féminine s’affirme, apporte sa rigueur, son recul, son style. Et l’égalité entre les sexes progresse, le spectacle Hip-hop au féminin ? s’applique à le démontrer, lui qui va être joué devant les collégiens de Muret, Villemur-sur-Tarn et Pibrac. Inspirée par les foodtrucks, Laure a eu l’idée de décliner le concept en un dancetruck - sa caravane bigarrée qui porte le message de l’égalité à travers le département. Avec DJ Miss Léïa au mix, cinq danseuses et un danseur abordent la place des femmes dans l’art urbain et dans notre société. 

« Au début, j’étais la seule blanche, c’était le choc des cultures ! »

Honneur aux femmes !

Plus de 1500 personnes ont participé aux différentes animations (théâtre, performances, danse, conférences, rencontres et ateliers) proposées par le Conseil départemental dans le cadre de la seconde édition de L'égalité femmes-hommes, c'est plus qu'un jour. La pièce de théâtre de Typhaine D, Opinion d'une femme sur les femmes, a été particulièrement remarquée au Pavillon République, à Toulouse. Ainsi que le spectacle de hip-hop de rue proposé par la compagnie LDanse à Muret.