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Métiers de l’aéronautique : et pourquoi pas eux ?

Publié le 17 mars 2023
Temps de lecture : 3 min
Des collégiens à côté d'un avion
© Adrien Nowak
Des élèves du collège Toulouse Lautrec sur le tarmac des Ailes anciennes à Blagnac

Aiguilleur du ciel, pilote de ligne ou d’hélicoptère, ingénieur chez Airbus : les métiers de l’aéronautique sont bien souvent perçus comme inaccessibles et élitistes. Beaucoup de jeunes, notamment issus des quartiers populaires, renoncent d’ailleurs à embrasser ces carrières. À contre-courant, l’association balmanaise Un morceau de ciel bleu a décidé d’aider ces mêmes jeunes à ne pas renoncer à leur rêve. Rencontre.

Sacha, 15 ans, souhaite devenir pilote d’hélicoptère. Chaïwat, élève de Segpa, ambitionne de rentrer chez Airbus, après un premier stage effectué chez l’avionneur. Avec des étoiles plein les yeux et l’envie de suivre les traces de leurs aînés, pilotes et autres professionnels des airs, ils sont une dizaine d’élèves du collège Toulouse Lautrec à fouler ce 8 mars le tarmac des Ailes anciennes à Blagnac. Ici sont restaurés puis exposés d’anciens avions mythiques, militaires ou civils. Le petit groupe est actuellement suivi par Un morceau de ciel bleu. Cette association, fondée il y a 10 ans par une poignée de passionnés, entretient la flamme chez ces jeunes des quartiers populaires. « C’est en bas des tours de Bellefontaine qu’est né ce projet. Les gamins que je rencontrais alors voyaient passer les avions au-dessus d’eux et se prenaient à rêver. On s’est mis en tête ensemble de créer un simulateur de vol d’A320 avec des objets de récupération. De fil en aiguille, tout le petit monde de l’avion toulousain s’est pris au jeu. Dans le prolongement de cette expérience, nous avons voulu aider ces jeunes, dont certains étaient en décrochage scolaire, à donner du sens aux études », se souvient Philippe Le Bris, administrateur des Ailes anciennes et président de l’association. Aujourd’hui, Un morceau de ciel bleu peut s’enorgueillir de belles réussites : « Notre enthousiasme nous a ouvert les portes. L’an dernier, les collégiens ont construit une maquette de satellite qui trône aujourd’hui au Commandement de l’espace au Cnes, travail pour lequel nous avons reçu le convoité prix Armées-jeunesse », détaille-t-il avec fierté. 

Aviation populaire

Gloster Météor, Brégué deux-ponts et même cabine d’un Dewoitine de 1932, c’est tout un patrimoine que les collégiens de Toulouse Lautrec découvrent ce jour-là avec enthousiasme. Propulsion, navigation, atterrissage : s’ils sont incollables sur la technique, les jeunes pêchent encore un peu sur l’histoire de l’aéronautique. Alors, Philippe Le Bris ne les ménage pas en passant en revue les appareils. Il faut dire qu’à la fin de l’année, l’objectif est de décrocher le Brevet d’Initiation aéronautique que ces jeunes pourront passer gratuitement. Un vrai projet d’éducation mené en lien étroit avec les équipes éducatives et avec l’adhésion des parents. Depuis octobre, les élèves alternent visites et séances ludiques de formation pour y parvenir. 

Expériences hors du commun

En 2023, les collégiens de Toulouse-Lautrec sont parrainés par Nicolas Honnons, commandant de bord et champion du monde de voltige en planeur, qui évoque son rôle avec bienveillance : « Je veux encourager ces jeunes. Beaucoup renoncent car on leur met des barrières. Quand j’étais moi-même au lycée, on a essayé de me dissuader, car je n’étais pas forcément très fort en maths et que je portais des lunettes. Mais, j’ai pu devenir pilote par le biais de l’école des cadets d’Air France, après un IUT. C’est avant tout grâce à la passion que j’en suis là. Je veux leur dire que c’est possible !». Et Philippe Le Bris de confirmer : « Ce dont nous sommes les plus fiers, c’est d’avoir encouragé la passion chez ces jeunes en très grande difficulté. Il y a plus de 150 métiers dans l’aéronautique, il y a de la place pour tous. ». Du côté de l’équipe éducative, la satisfaction est aussi de mise. Mathias Nicolas, directeur de la Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté) du collège Toulouse Lautrec, témoigne : « Cela fait plusieurs années que notre collège collabore avec l’association. Pour nos élèves, comme Chaïwat, c’est très motivant et valorisant de participer. Ils peuvent se projeter et faire des expériences hors du commun».