Avec Jeanne Uwimbabazi, rescapée du génocide
Le 20 ème siècle restera celui de l'épouvante. Il a commencé avec l'éradication des populations arméniennes de l'empire ottoman, a continué avec l'immense tragédie de la Shoah et s'est terminé avec l'extermination des Tutsis du Rwanda et le « nettoyage ethnique » dans l'ex-Yougoslavie.
Autant de tentatives des pouvoirs dominants de planifier la destruction systématique d’un peuple ou d’un groupe ethnique.
On aurait tort de renvoyer ces évènements impensables et effroyables à de simples « accidents » de l’histoire, ou des parenthèses sans racines, une « mauvaise période » dues à la seule folie de quelques hommes.
Car le génocide n’est pas une œuvre de fou, mais celle d’un État, dans toute l’affirmation d’un plan rationnel. Les génocidaires, à toutes les époques exécutent un travail minutieusement préparé et méthodiquement mis en œuvre.
Le génocide commis en 1994 au Rwanda, le pays de Mille Collines, à l'instigation du régime extrémiste hutu alors au pouvoir, a fait environ 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi, mais aussi les Hutu modérés, selon l'ONU.
Les causes de ce génocide furent multiples: outre l'accumulation de haines entre les castes Hutu et Tutsi au fil des années et l'enchaînement des événements déclencheurs, d'autres causes ou responsabilités, intérieures ou extérieures, ont été évoquées par les différentes commissions d'enquêtes, et très récemment le 25 mars avec le rapport de la commission dirigée par l'historien Vincent Duclert, qui est sans appel : la France "est demeurée aveugle face à la préparation" du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 et porte des "responsabilités lourdes et accablantes" dans la tragédie.
Jeanne Uwimbabazi a alors 16 ans. Elle a survécu mais a perdu ses parents, deux sœurs et sa nièce. Elle est aujourd’hui infirmière à Toulouse. Elle est aussi un témoin de l'Histoire. Rescapée du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, elle est Présidente de l’association « Diaspora Rwandaise » et s’implique fortement dans le travail de mémoire. Pour que cet épisode funeste ne soit jamais oublié, pour le comprendre et en tirer les leçons, pour que cette histoire ne se renouvelle pas.